Haiti: Le choix de vivre à Port au Prince ou le choix de vivre en enfer
Getting your Trinity Audio player ready...
|
Port-au-Prince, la capitale d’Haïti et ses environs est devenue depuis un certain temps un enfer pour les habitants. Entre la violence des gangs armés qui kidnappent, violent et tuent, la violence qui accompagne les revendications populaires et celle qu’exercent les dirigeants, ceux qui vivent à Port au Prince et ses environs connaissent l’enfer sur la terre au sein de cette capitale de plus de 2 millions d’habitants.
Port-au-Prince, le 19 avril 2021.- Dans les quartiers de Port-au-Prince et ses environs, la violence est à son paroxysme. Le son des fusils automatiques, la fumée des barricades de pneus enflammés emplissent le quotidien. La peur envahit les esprits. Les groupes de gang se multiplient au nez et la barbe des dirigeants. Les zones de non droit augmentent. L’insécurité caractérisée par le kidnapping endeuille et appauvrit. La population qui était déjà aux abois paie un lourd tribut.
» J’ai perdu maman au Centre-ville de Port-au-Prince. Chaque matin, elle se réveillait tôt pour aller vendre non loin du marché Hyppolite mieux connu sous le nom de Marché en Fer. Elle a été touchée d’une balle à la tête alors que des malfrats se battaient pour le contrôle de la zone. Depuis lors, je mène une vie compliquée à Port-au-Prince, où la vie ne vaut plus la peine d’être vécue », se souvient encore Yvelt, un jeune de 23 ans.
« Déjà orphelin de père, suite à la mort de ma maman, je suis à la fois mon papa et maman » a renchéri d’une voix triste le natif de Roche à Bateau, commune du département du Sud.
La liste des personnes tuées est longue
Toutes les couches sont touchées par la montée exponentielle du climat d’insécurité dans le pays. S’il paraît difficile de se rappeler de tous les noms, certains restent encore à l’esprit. Le Bâtonnier de l’ordre des avocats de Port au Prince, Me Monferrier Dorval pour lequel les résultats de l’enquête se font encore attendre par exemple. Personne ne peut oublier la tragique mort d’Evelyne Sincère, de Patrick Thébaud, du Dr Ernst Paddy et de Fery Cavé qui a laissé le Canada pour venir servir son pays. Et plus proche de nous, Marline Flora Nerestant.
Les victimes des massacres de la Saline, du Bel Air attendent encore un mot de la justice haïtienne. Elles sont nombreuses les familles qui sont obligées de quitter Bel Air pour aller vivre dans un centre à Delmas 24 (Solino). Selon un rapport du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) durant le mois avril 2021, pas moins de 13 personnes ont été tuées et 22 maisons incendiées.
Lire aussi:
Port-au-Prince, bastion des gangs
La ville est livrée aux bandits. Les quartiers sont pris en otage par des groupes armés. Ils font la loi face à une institution policière dépassée par les événements. Les gangs de Village de Dieu avec comme chef de fil Izo, de Grand Ravine et de Croix des Bouquets sont les plus connus. Ces hommes armés seraient responsables d’une centaine de cas de kidnapping au premier trimestre de 2021,selon des organisations de droits humains. Aucune intervention policière pour libérer un otage, avaient dénoncé des Organisations de droits humains qui croient que la police nationale devrait agir en vue de stopper cette hémorragie. D’après l’observation contre le Kidnapping et la Criminalité en Haiti, pour le mois de février 2021, au moins 50 cas de kidnapping ont été recensés, contre 60 pour le mois de janvier, soit 110 pour les deux premiers mois de l’année.
Des manifestations à répétition
La capitale haïtienne et ses environs est depuis ces deux dernières années, théâtre des mobilisations contre le pouvoir en place et de revendications populaires. Des routes coupées, des barricades de pneus enflammés, des protestations au quotidien, ceux qui vivent dans cette partie du pays auront déjà tout vu.
» Je n’ai pas de problèmes avec les gens qui protestent. Souvent leurs revendications sont justes. Mais quand ils empêchent aux gens de vaquer à leurs activités et aux enfants d’aller à l’école, je pense que ce n’est pas la bonne formule. Comment imaginez-vous que des gens satisfaisant des intérêts personnels empêchent à la population de vivre dans la tranquillité? Quand ils sont dans la rue, si vous avez un véhicule et que vous êtes dans la rue,on doit se mettre à l’abri et attendre des heures jusqu’à ce que la manifestation se termine. Ce n’est pas possible », s’indigne Gérôme. Le quadragénaire, père de 4 enfants n’est habité que par l’envie de fuir les vicissitudes de cette vie. « Si j’avais les moyens, longtemps je laisserais le pays », a lâché le natif de Cité Militaire.
Personne ne sait combien de temps encore va durer cette situation d’insécurité caractérisée par le Kidnapping qui complique la vie de plus d’un. Cependant, nombreux sont ceux qui se mettent d’accord que Port-au-Prince et ses environs n’est qu’un enfer tellement que la vie y est difficile et complexe.
Vant Bèf Info (VBI)