Ganthier : Un an après l’attaque des 400 Marozo, l’indignation face à l’inaction de l’État grandit
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Ce 17 décembre 2024 rappelle un souvenir amer pour les habitants de Ganthier. Une année s’est écoulée depuis que la ville s’est réveillée sous un déluge de tirs désordonnés. Les bandits armés, déterminés à s’accaparer des institutions étatiques de la zone à l’époque, avaient pris la ville d’assaut. Sans peur ni retenue, ils avaient tué, pillé, volé, incendié, et réduit la ville presque en cendres. Depuis lors, les habitants ont commencé à évacuer progressivement. Pourtant, malgré ces signaux alarmants et bien d’autres, l’État haïtien a fait preuve d’un laxisme préoccupant face à la situation. Ce silence des autorités a suscité la colère des Ganthiérois.
« Ganthier a été livrée à elle-même et la ville a connu l’une des nuits les plus sombres de toute son existence ce 17 décembre 2023 », a confié un défenseur des droits des migrants originaire de la zone, qui a requis l’anonymat pour protéger ses proches encore en Haïti. Il a dénoncé l’absence de souci et de responsabilité de la part des autorités, qu’il peine même à considérer comme telles. Pour appuyer ses propos, il a rappelé les multiples attaques perpétrées contre la population de Ganthier avant le drame du 17 décembre 2023.
Selon lui, avant cette date, ces hommes armés avaient déjà envahi la commune le 14 février 2023, kidnappant deux jeunes entrepreneurs et un professeur : Aaron Fénelon, Geordany Pierre et Wilky Desmarattes. Les deux entrepreneurs ont été enlevés devant leurs petites entreprises alors qu’ils travaillaient, tandis que le professeur Wilky, d’après plusieurs témoignages, était chez lui en train de préparer ses cours.
Après cette attaque et ces enlèvements, les bandits ont continué à faire irruption dans la zone, mois après mois. Toutefois, un groupe civil, épaulé par la police nationale, avait réussi temporairement à les repousser, reconnaît l’homme. Cependant, il déplore qu’aucune autorité n’ait pris des mesures pour renforcer le commissariat ou éradiquer la bande armée.
C’est pour cette raison que le militant des droits des migrants n’a pas mâché ses mots : « Les responsables ont du sang sur leurs mains », a-t-il déclaré avec indignation. Dans une émission spéciale réalisée par Jean Carmelot Néré après la dernière attaque du 21 juillet 2024, le présentateur a remis en question le silence des anciens élus de la commune. Il a également invité la population à rester vigilante et prudente, laissant entendre que ces autorités locales pourraient être de connivence avec les gangs.
Parmi les différentes attaques perpétrées contre la commune, celle du 21 juillet 2024 reste la plus meurtrière, au point d’être qualifiée d’indescriptible par certains. Ce fut l’événement qui a définitivement scellé le sort de Ganthier. Actuellement, la ville n’est plus que l’ombre d’elle-même : ses rues en désordre, ses maisons détruites, et ses habitants contraints de fuir. Ganthier est désormais sous le contrôle des « 400 Marozo », et aucune intervention significative ne semble en vue.
Depuis, de nombreux habitants ont trouvé refuge à Fond-Parisien, bien que cette zone ne constitue pas un véritable sanctuaire. Les menaces persistent. Le chef des « 400 Marozo » a récemment juré de s’en prendre à cette localité, exhibant une arme dans une vidéo en guise d’intimidation.
Face à cette situation alarmante, le désespoir gagne du terrain. Plusieurs jeunes de la région ont publié une note publique appelant les autorités à agir rapidement pour éviter le pire : « Le pays a besoin de leadership, de solidarité et de mesures immédiates pour protéger ses citoyens. »
Junior Luc
Vant Bèf Info (VBI)