« Devenir enfant soldat est un acte suicidaire » : le témoignage bouleversant d’un adolescent échappé d’un gang
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Les gangs en Haïti, constitués en grande partie de jeunes adolescents, continuent de recruter pour leurs basses besognes. Ces jeunes, souvent à peine sortis de l’enfance, deviennent des « enfants soldats », exposés à des situations qui mettent leur vie en péril. C’est le cas de « Tisonson », un adolescent de 17 ans qui raconte son histoire glaçante.
Port-au-Prince, le 17 janvier 2025 – Recruté à l’âge de 14 ans après avoir rendu un « service » à un chef de gang, Tisonson a vite été intégré au groupe. « Si vous êtes attiré par des biens matériels, il est facile de devenir membre d’un gang », confie-t-il. Au départ, il circulait dans la zone avec une moto appartenant au chef, ce qui lui a valu d’être surnommé « général ». Très vite, il s’est retrouvé armé, affecté à la surveillance de son quartier et chargé de repousser les attaques des gangs rivaux.
Un monde gouverné par la peur et la violence
Dans son récit, Tisonson décrit un système fondé sur la peur et la dictature interne. « Si tu fais quelque chose qui ne plaît pas au chef, il ordonne ton arrestation, et tu peux être condamné, tué, et ton corps brûlé devant tout le monde », explique-t-il. Refusant d’exécuter l’ordre de tuer sa propre tante, il a finalement choisi de fuir, craignant pour sa vie.
Un appel à la conscience des jeunes
Tisonson adresse un message poignant à ses pairs. « Rejoindre un gang est un acte suicidaire. On croit avoir le choix, mais en réalité, on n’en a pas. » Il reconnaît que les conditions économiques poussent de nombreux jeunes à s’engager dans cette voie, mais il implore les autres de ne pas suivre son exemple.
Aujourd’hui, Tisonson vit avec le poids de son passé. Sa propre famille le rejette, le considérant comme un danger. « Toute ma famille souhaite ma mort, car ils me voient comme une menace », avoue-t-il avec amertume.
Un problème sociétal profond
Cette réalité reflète les failles de la société haïtienne, où l’absence de justice, la pauvreté et l’insécurité alimentent l’existence de ces groupes armés. Les gangs, se considérant comme des « sociétés parallèles », imposent leur loi par la violence, en opposition totale aux principes démocratiques.
Cette situation, devenue presque banale pour une partie de la jeunesse haïtienne, souligne l’urgence d’une intervention pour offrir à ces jeunes une alternative. Car pour beaucoup, quitter un gang reste impossible, transformant leur existence en un véritable piège mortel.
Jean Giles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)