Censure et dérive autoritaire : SOS Journalistes interpelle le CPT

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L’organisation SOS Journalistes dénonce une « dérive autoritaire » du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), accusé de restreindre la liberté de la presse en instrumentalisant le Conseil National des Télécommunications (CONATEL). Dans une note rendue publique ce lundi, l’organisation cite la suspension controversée de l’émission Boukante Lapawòl, diffusée sur Radio Mega (103.7 FM), comme un exemple emblématique de cette politique de musellement.

Port-au-Prince, 9 juin 2025 — Selon SOS Journalistes, le président du CPT, Fritz Alphonse Jean, ainsi que plusieurs conseillers avaient promis, lors d’une rencontre avec des acteurs de la presse, d’intervenir pour rétablir l’émission à l’antenne. Or, quatre semaines plus tard, aucune mesure concrète n’a été prise. Pour l’organisation, il s’agit d’une manœuvre politique visant à faire taire les voix critiques, en se servant du CONATEL comme bras répressif.
Autre sujet de préoccupation : le fondement légal de la décision du CONATEL. SOS Journalistes souligne que la suspension s’appuie sur un décret de 1977, pris sous la dictature de Jean-Claude Duvalier, et désormais inconstitutionnel. L’organisation cite l’article 296 de la Constitution de 1987, qui abroge toute loi contraire à ses dispositions, ainsi que les articles 28-1 et 28-2 garantissant la liberté d’expression et l’exercice libre du journalisme.
« Imposer une censure déguisée sous couvert de régulation constitue une violation manifeste des droits fondamentaux », déclare Guyler C. Delva, signataire de la note.
Dans un contexte de transition fragile, cette affaire envoie un signal inquiétant sur les intentions du CPT, estime SOS Journalistes. L’utilisation de lois obsolètes, issues d’un passé autoritaire, pour restreindre la parole publique, menace l’équilibre démocratique.
« Le CPT a-t-il choisi la dictature comme mode de gouvernance ? », s’interroge le communiqué, qui rejette catégoriquement toute tentative de museler la presse.
Tout en exigeant le rétablissement immédiat de l’émission suspendue, SOS Journalistes appelle les professionnels des médias à respecter les principes de la Charte mondiale d’éthique des journalistes, adoptée par la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ).
Un rappel que la liberté de la presse, bien qu’essentielle, s’exerce dans le respect de l’éthique et des responsabilités professionnelles.
Pour l’heure, l’avenir de Boukante Lapawòl reste incertain, tout comme la volonté réelle du CPT de garantir les droits fondamentaux dans cette période cruciale de transition.
Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)