(Exclusivité) Le tribunal de paix de Bois de Laurence ou le symbole de l’injustice
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Bois de Laurence, le 10 octobre 2018.- Contrairement à cette affirmation qui veut que « la justice élève une Nation », nous autres, en Haïti, avons choisi de piétiner la justice afin de rabaisser la nôtre. Pour vérifier cette affirmation, un reporteur de Vant bèf info (VBI) s’est rendu à Bois de Laurence, une section communale de Mombin-crochu, située dans le département du Nord’Est.
Un département où la juge d’instruction Ostwalde Joseph ainsi que deux (2) personnes qui l’accompagnaient se sont noyées, à défaut de la construction d’un pont sur la rivière « Kanari ». C’était dans la nuit du 4 au 5 octobre 2018.
Une maisonnette (en béton) inachevée, un sol en terre battue, des tôles trouées incapables de tromper le soleil, des blocs peu ou pas solides, tel est un tableau de ce qu’on est obligé d’appeler « Le tribunal de paix » de Bois de Laurence. À première vue rien ne laisse deviner qu’il s’agisse d’un tribunal.
Les personnes qui y travaillent sont livrées à elles-mêmes car, inutile de parler d’eau potable, d’électricité et de toilettes pour le personnel judiciaire et/ou juridique.
En raison du « caractère belliqueux » de la plupart des habitants de la zone, le tribunal de paix de Bois de Laurence est l’une des institutions publiques les plus fréquentées. Ce, en vue de traiter des conflits terriens, entre autres.
À l’intérieur dudit tribunal, l’équipe de Vant bèf info (VBI) a fait le dur constat d’une petite chambre en piteux état qui sert, à la fois, de garde à vue et de lieu pour entreposer des documents. À noter que nous n’avons pas parlé de greffe!
Selon le juge titulaire Jacsène Jean-Baptiste, il n’existe pas de présence policière dans la section communale depuis plus de 20 ans. Ce qui est à la base de plusieurs cas de banditisme.
Pour la surveillance de la « garde à vue » du tribunal, les autorités judiciaires de Bois de Laurence utilisent les services de trois (3) volontaires, des personnages âgés entre 75 et 80 ans, connus sous le nom de Berlius Charles, Carmens Cétoute et Métellus Jean-Baptiste.
Le plus grand calvaire de ces volontaires dans l’accomplissement de leur « tâche » est le transfert des prévenus à Vallière ou Carice (2 communes dudit département). Ils doivent escorter et assurer la sécurité des prévenus face à la colère de la population qui, dans la plupart des cas, veut se faire justice.
« L’État haitien avait donné quatre (4) bureaux, quatre (4) fauteuils et une quantité de chaises sans tenir compte du caractère exigu de l’espace qui est mal entretenu », a déploré le juge de paix titulaire.
Selon ce dernier, les autorités compétentes et le Ministère de la justice et de la sécurité publique (MJSP) sont au courant de la situation, mais ils préfèrent ne pas agir.
Les habitants de cette section communale n’ont pas cessé de demander que fait l’État haïtien face à cette situation qui, selon eux, a trop duré.
Vant bèf info (VBI)