Haïti: cette révolution qui mange les supposés bénéficiaires
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Ils sont plus de 50 000 paisibles citoyens qui ont dû quitter la capitale haïtienne, en moins d’un mois, pour échapper à la violence des gangs. Tous les secteurs d’activités du pays sont affectés par la violence des groupes armés, qui prétendent conduire le pays vers une révolution.
Port-au-Prince, vendredi 12 avril 2024.- Les récents événements violents de février à mars ont provoqué des dégâts matériels et humains considérables. Les transporteurs publics, commerçants formels et informels ont subi profondément les conséquences de la violence de ces hommes lourdement armés, qui occupent plus de 80% du département de l’Ouest.
Révolution ou chasse contre les pauvres ?
Depuis le jeudi 29 février 2024, c’est le chaos généralisé à Port-au-Prince. Des actes de pillage et de vandalisme ont été enregistrés dans diverses zones de la capitale. Les hommes armés ont pillé et détruit sous le feu des entreprises diverses, dont pharmacies, établissements scolaires, universités, usines, entre autres. Parmi les actes barbares causés par les bandits, entre Delmas 3 et 18, plusieurs entreprises sont vandalisées. Il s’agit entre autres de STICO, Informatek, Nicky Eau Traitée, Confiance Hôtel, Détermination (MonCash, NatCash, Eau Traitée), Complexe Kay Bab.
En effet, du 29 février au 3 mars 2024, les deux (2) coalitions de gangs armés G-9 An Fanmi e Alye et G-Pèp, jusque-là rivales, regroupées autour d’une fédération dénommée « Viv Ansanm », décident de faire une démonstration de leur puissance. Ils sèment la terreur à Port-au-Prince et dans les communes avoisinantes.
Pour la période allant de janvier à mars 2024, au moins deux-cent-huit (208) personnes sont assassinées. Les cadavres de cinquante-cinq (55) de ces victimes ont été découverts par les riverains. Le 13 mars 2024, à Bellevue 3, Pétion-ville, un (1) enfant de sept (7) ans est atteint d’une balle perdue et meurt sur le champ.
Le 26 février 2024, une marchande de jus tenant une échoppe à la rue Monseigneur Guilloux, connue sous le nom de Chantale, est enlevée par des individus lourdement armés.
Le 7 février 2024, à Gros Morne, le journaliste Alain CHARLES de Radio Poltron reçoit une balle au niveau des testicules. Ce jour-là, des bandits armés tentaient de prendre le contrôle du commissariat de la ville en question.
Lors d’un affrontement entre des bandits armés et des agents de la PNH se sont affrontés le 28 février 2024 à Fort Saint Clair, rue des Magasins de l’État, dans la zone de la Grand-Rue, une dame a été touchée par une balle qui a gravement endommagé sa bouche et une partie de son visage.
Du 29 février au 7 mars 2024, le bilan s’est alourdi. L’Hôpital universitaire de la Paix (HUP) de Delmas 33, prend en charge soixante-neuf (69) blessées par balles et Médecins sans frontière – Tabarre (MSF – Tabarre) en traite cinquante-neuf (59).
Les plus vulnérables : la cible principale des bandits
Les victimes de l’insécurité qui s’étaient réfugiées à l’Ecole nationale République du Brésil, à l’Ecole nationale République du Paraguay, au Lycée Fritz Pierre-Louis, à l’Ecole nationale Daguesso Lespinasse, à l’Hôpital Le Messie (ancien Centre de traitement du Choléra (CTC)), sont obligées de se réfugier ailleurs, en raison de l’intensification des actes de violence dans l’aire métropolitaine. À titre d’exemple, le 3 mars 2024, des déplacés en provenance de divers camps dont le Lycée Fritz Pierre-Louis et l’Ecole Don Direlan Dumerlain ont investi les locaux du ministère de la Culture et de la Communication. Parallèlement, des milliers de personnes ont été contraintes de quitter la capitale pour aller se réfugier dans des villes de province, en majeure partie vers le Grand Sud du pays.
Une « révolution » qui décapitalise les plus démunis
Il y a également une baisse de toutes les activités socio-économiques à Port-au-Prince. Les écoliers sont contraints de rester chez eux, depuis plus d’un mois. Des pharmacies et des agences pharmaceutiques détruites, des centres hospitaliers ravagés par les flammes; ces actions provoquent des pénuries d’intrants dans les centres de santé et le peu d’hôpitaux qui fonctionnent à Port-au-Prince. Il y a également une rareté des produits pétroliers constatée sur le marché, qui entrave le bon fonctionnement du transport en commun.
Pour l’instant, le centre-ville de Port-au-Prince est méconnaissable. Le Champs de-Mars est désormais un espace d’affrontement entre les forces de l’ordre et les gangs armés de la coalition « Viv Ansanm ». L’inflation qui a enregistré une tendance à la baisse dans les mois précédents, a connu une hausse assez alarmante en février. Elle vient de se situer à 23%. En outre, les actes criminels posés par ces bandes armées, qui se disent « révolutionnaires » pour certains, ne font qu’appauvrir la population haïtienne, où plus de la moitié est touchée par une crise alimentaire aigue.
Likenton JOSEPH
Vant Bèf Info (VBI)