Sanctions dominicaines : L’ancien ministre Camille Edouard Jr parle de « mesures bilatérales offensantes »
Getting your Trinity Audio player ready...
|
Les sanctions dominicaines continuent de faire réagir les acteurs haitiens. L’ancien ministre de la justice Me Camille Édouard Junior dit avoir appréhendé ces sanctions avec une triple préoccupation.
Port-au-prince, le 19 avril 2023.-
Les sanctions dominicaines imposées à une trentaine d’Haïtiens suscitent des gorges chaudes en Haïti. Certains applaudissent ces mesures qui, selon eux, pourraient aider à changer le comportement des acteurs des élites politique et économique du pays. Tandis que d’autres pensent que les noms de certaines personnalités ne devraient pas figurer sur la liste des sanctionnés de l’administration de Luis Abinader. Me Camille Édouard Junior, ancien ministre de la justice, également professeur d’universités, dit avoir appréhendé ces sanctions avec une triple préoccupation.
“D’abord, c’est un acte inamical, vu les contentieux historiques”, a soutenu d’emblée l’ancien dirigeant haïtien, lors d’un entretien via la messagerie interne WhatsApp. Les mesures prises par le président Abinader, selon Me Camille Edouard Junior, ont été adoptées à l’encontre des anciens et actuels dignitaires haïtiens. “Ceux-là mêmes qui incarnaient ou incarnent l’autorité en Haïti”, dit-il.
Cette décision tant à avilir le pays aux yeux des populations des deux (2) pays et renforcent le sentiment de « tous pourris » et consolident, chemin faisant, l’amalgame méchant des serviteurs de l’État haïtien. “Il faudra analyser les enjeux sous-jacents que peuvent cacher lesdites mesures”, a argumenté l’ancien garde des sceaux de la République sous l’administration Privert/Jean-Charles.
Une décision politique, dans un flou juridique ambivalent
“À la différence des autres États qui émettent des sanctions dites économiques, la lettre signée par le Président dominicain a tout d’une décision politique étant prise par la plus haute autorité politique de ce pays frontalier, sans prendre la peine d’en établir le cadre juridique formel” a expliqué l’homme de loi. Selon Me Edouard, les accusations n’ont pas été définies ni étayées.
“Traiter les anciens et actuels dirigeants et officiels haïtiens de menaces pour les institutions dominicaines sans décliner la nature desdites menaces tend davantage à jeter un discrédit sur l’ensemble de la population”, regrette l’ancien membre du Conseil Supérieur de la Police Nationale ( CSPN).
Des mesures bilatérales offensantes au mépris du cadre multilatéral
La dynamique des sanctions pose un problème sérieux en matière des droits de l’homme, a tenu à faire remarquer le professeur de droit public.
“Il serait plus judicieux de se référer au cadre multilatéral, notamment le comité des sanctions des nations unies et surtout en souscrivant aux exigences de la résolution 2653 du conseil de sécurité qui, je précise, ne sanctionne que Jimmy Cherizier”, de l’avis de l’ancien conseiller spécial de l’ex-président provisoire, Jocelerme Privert.
L’avocat pense que la République dominicaine aurait beaucoup à gagner d’attendre le conseil de sécurité des nations unies pour l’adoption desdites mesures pour ne pas renforcer le climat délétère qui existe dans les relations entre les deux pays.
“Toutefois, il importe de tirer des leçons des valses de sanctions pour comprendre les difficultés et les défis devront être relevés par les Haïtiens eux-mêmes. A force d’affaiblir nos institutions républicaines, notre État se trouve être incapable de se protéger et surtout de préserver l’honorabilité de nos représentants”, conclut Me Camille Édouard Junior.
A rappeler que les derniers sanctionnés par la République dominicaine sont les suivants :Youri Latortue ; Gracia Delva, Liszt Quitel, Rodolphe Jaar, Bredy Charlot, Kesner Normil, Evans Paul, Assad Volcy, Jean Tholbert Alexis, Victor Prophane, Laurent Salvador Lamothe, Richard Lenine Hervé Fourcand, Rony Celestin, Gary Bodeau, Espérance Pierre, Charles Kiko Saint- Rémy, Sherif Abdallah, Arnel Belizaire, Salim Succar, Reynold Deeb, Nénel Cassy, Berto Dorcé et Antonio Cheramy (a) Don Kato.
Steve Khawly, Frantz Cole, Jean Mardoché Vil, Fritz Désiré, Dieuné Day, Romel Bell, Wakin Pierre, Jhonson André (a) Izo, Manuel Saloman (a) Manno, Joselito Petit-Homme (a) Ti Makak, Carlo sont également présents Petit-Homme (a) Ti Makak, Elan Luckson, Jermaine Stephenson (a) Gaspiyay, Albert Stevenson (a) Djouma, Julmé Ernst (a) Ti Greg et Woodley Ethéart (a) Sonson La Familia .
Jean Allens Macajoux
Vant Bèf Info (VBI)