République Dominicaine: Washington dénonce des exactions contre les haïtiens

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Durant l’année 2022, les forces de sécurité, en République Dominicaine, ont commis des abus, notamment des meurtres, ainsi que des détentions arbitraires de citoyens et d’étrangers dont des haïtiens, selon un rapport du gouvernement américain.

Washington, le 21 mars 2023. Le rapport du département d’Etat qui porte sur les droits humains, souligne qu’en réponse à des allégations d’abus de pouvoir et après enquête, « dans certains cas, des agents soupçonnés d’abus ont été mutés dans d’autres régions du pays pour éviter d’être punis ».

Ce rapport évoque des informations crédibles faisant état « d’exécutions illégales ou arbitraires par les forces de sécurité gouvernementales ainsi que des peines ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants infligés par la police et d’autres agents de l’État.

Il dénonce également « des conditions carcérales difficiles et potentiellement mortelles; la détention arbitraire; l’ingérence arbitraire dans la vie privée; corruption grave du gouvernement; et la violence contre les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées ».

Même si le gouvernement a pris des mesures, dans certains cas, pour poursuivre et punir les fonctionnaires qui ont commis des violations des droits de l’homme ou des actes de corruption, « l’application incohérente et inefficace de la loi a parfois conduit à l’impunité », note le Département d’Etat.

Pour ce qui est des exactions contre les haïtiens, le rapport du gouvernement américain fait écho aux rapports sur « des meurtres inexpliqués et des décès survenus lors d’opérations d’immigration, qui ont considérablement augmenté au second semestre de l’année ».

Parmi les exactions dont les ressortissants haïtiens ont été victimes, le rapport cite la détention arbitraire, les sévices physiques infligés aux détenus, l’entrée sans mandat chez les citoyens, la révocation ou la destruction de documents d’identité, le vol d’effets personnels par des agents de l’immigration, la détention d’enfants dans des cellules avec des adultes, des violences sexuelles, l’accès insuffisant aux soins médicaux pendant l’expulsion, l’expulsion illégale d’enfants non accompagnés et de mères enceintes ou allaitantes. et d’autres traitements hostiles ou abusifs.

Il cite notamment le cas, rapporté en novembre dernier par le journal dominicain Hoy, de la mort de la ressortissante haïtienne Delouis Estimable, alors qu’elle était détenue par la Direction Nationale des Migrations (DGM).

« Les parents de la victime ont affirmé qu’elle avait été battue par des agents de l’immigration et enfermée dans un camion de détention avant sa mort. Rien n’indique que la DGM ait enquêté sur l’affaire ou pris des mesures pour tenir les responsables de l’immigration responsables », déplore le rapport.

Il y a aussi l’assassinat d’un autre citoyen haïtien perpétré par un groupe de sept dominicains, dont trois militaires, qui avaient aussi incendié 8 maisons dans le village de La Rosa, dans le secteur de Majagual, qui se situe dans une zone montagneuse de la municipalité de Galván, dans la province de Bahoruco.

En mars 2022, toujours selon le rapport du gouvernement américain, des agents de la DGM ont abattu un jeune haïtien chez lui et blessé un autre lors d’un raid à Las Matas de Farfán, dans la province de San Juan.

Le rapport reflète les rapports d’organisations de la société civile et d’autres observateurs qui « ont exprimé leur préoccupation face au traitement dur et souvent dégradant infligé par les autorités de l’immigration aux migrants haïtiens sans papiers et apatrides d’origine haïtienne pendant les opérations de détention et d’expulsion de la DGM et dans les centres de détention de la DGM, en particulier ses installations à Haina ».

En septembre dernier, un ressortissant dominicain avait été arrêté par des agents de l’immigration au motif qu’il était haïtien. Il affirme avoir été frappé à plusieurs reprises par des agents de l’immigration.

Il allait, par la suite, obtenir sa libération pendant qu’on le conduisait à la frontière pour être expulsé vers Haïti. Cependant, alors qu’il rentrait chez lui, il avait, à nouveau, été arrêté pour les même motifs, et conduit à un poste ou il a été détenu pendant plusieurs jours. 

Les démarches d’un membre de sa famille, accompagné d’un avocat, lui ont permis d’être finalement relâché, rapporte le département d’Etat dans son rapport.

Toujours selon le rapport du gouvernement américain, en novembre dernier, « plusieurs témoins ont rapporté avoir vu des agents de l’immigration frapper des détenus avec des bâtons, y compris deux citoyens haïtiens qui ont été battus si brutalement qu’ils ont perdu connaissance, au point de nécessiter l’intervention de professionnels de la santé d’urgence ».

Dans un autre incident, « une citoyenne haïtienne a rapporté qu’elle avait été battue pendant sa détention puis jetée d’une camionnette en mouvement par des agents de l’immigration comme punition pour s’être disputée avec eux. L’incident l’a laissée avec des blessures visibles sur son visage qui n’ont pas été traitées correctement, entraînant une infection.

L’administration du président Joe Biden affirme que le gouvernement dominicain « n’a fourni aucune preuve que les allégations de violations des droits de l’homme par les agents de l’immigration ont fait l’objet d’enquêtes sérieuses ou que le gouvernement a revu ses pratiques de détention ».

Vant Bèf Info (VBI)