Haïti : Grâce présidentielle : Le Ministère de la justice se dit victime de sabotage
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Le Ministère de la justice et de la sécurité publique (MJSP) se dédouane de toute responsabilité dans le scandale autour du dossier de la grâce présidentielle. Par la voix de son directeur des affaires juridiques, le MJSP met en cause, ce jeudi, certains acteurs du processus qui avaient, selon lui, fait pression pour que la liste des personnes graciées parvienne à la Présidence, sans qu’elle n’ait été totalement épurée.
Port-au-Prince, le 2 juillet 2020.- La grâce présidentielle à des centaines de détenus tourne au scandale. Le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) s’en lave les mains et se propose d’être intraitable à l’endroit de ceux qu’il tienne pour responsables. Environ 24 heures après que le premier ministre Joseph Jouthe ait demandé de surseoir à la libération des détenus graciés, le directeur des Affaires juridiques du MJSP prend la main et clarifie.
À en croire Me. Levelt Milord, derrière le scandale né de la décision du Président Jovenel Moïse de gracier plus de 400 prisonniers se trouve la main de certains acteurs du processus même. Après un long survol des différentes étapes qui ont été franchies dans le cadre de l’établissement de la liste définitive des prisonniers qui devraient bénéficier de la grâce présidentielle, Me Milord soutient en effet que le Ministère de la justice et de la Sécurité publique a dû céder aux pressions de ces acteurs qu’il s’est gardé de citer les noms et soumet à la présidence une liste de 432 personnes incluant des condamnés et des détenus. Cela, sans même que le processus dépuration n’ait été bouclé.
Vue que cela s’inscrit dans le cadre d’un plan pour désengorger les prisons dans le contexte de l’urgence sanitaire. Et c’est à ce moment-là que, entre tractation et trafic d’influence, des commissaires du gouvernement se sont immiscés dans le processus, explique le responsable de la Direction des Affaires juridiques au MJSP. Et l’arrêté présidentiel, une fois publié, des organisations de défense des droits humains crient au scandale. Au moins 11 noms sur la liste posent problème.
Le Ministre de la justice et de la Sécurité Publique a vite fait de diligenter une enquête. Il s’avère en effet que parmi les prisonniers graciés, au grand dam de tous, certains sont arrivés sur la liste comme par miracle. Le fait parle de lui-même, le MJSP se rend compte qu’il s’est fait avoir. Le cas du prisonnier Harisson Domond dit Jean Mary est un exemple cité par Me Milord. Condamné à Jacmel, son dossier a été transféré au tribunal de première instance de Petit-Goâve après avoir produit un pourvoir en cassation. Mais pour des raisons de sécurité, le MJSP avait décidé de le transférer à Croix-des-Bouquets. Et tandis que l’arrêté présidentiel libérant les prisonniers graciés n’était même pas encore publié, le détenu a déjà été libéré par le commissaire du gouvernement de Croix- des-Bouquets d’alors, Me. Maxime Augustin, pour motifs liés à des raisons humanitaires. Soutenu par des acteurs du système, il s’est arrangé pour que le nom de celui-ci, figure parmi les graciés, révèle l’enquête du MJSP.
Un cas parmi tant d’autres, qui prouve que le ministre de la justice a été victime de sabotage dans le cadre du dossier de libération des prisonniers par grâce présidentielle, explique donc Me. Levelt Milord. Le MJSP veut rétablir son prestige et mise sur la poursuite de l’enquête pour y parvenir. Quatre autres cas sont à l’étude. Ils concernent les juridictions de Grande Rivière du Nord et d’Aquin. Le directeur des Affaires juridiques au MJSP donne la garantie que tous les coupables seront punis.
Vant Bèf Info (VBI)