Haïti – Santé : Plusieurs femmes mortes d’éclampsie
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Que ce soit sur les réseaux sociaux ou encore dans des groupes communautaires comme les églises, les gens pleurent la perte d’une proche morte à la suite d’une éclampsie. Si certains reprochent le manque de moyens dans nos hôpitaux, d’autres par contre pensent que c’est la crise socio-politique qui stresse ces femmes enceintes au point qu’elles finissent par céder.
Carrefour, samedi 7 décembre 2019.- Ce samedi après-midi à l’Eglise Baptiste de Côte-Plage ont eu lieu les obsèques d’une jeune mère décédée suite d’une éclampsie. Les médecins ont eu le temps de sauver le bébé, et elle qui portait la vie est morte en donnant la vie. A 28 ans, elle laisse deux enfants …
Elle est la troisième victime de cette grande communauté vieille de 51 ans … en moins de trois mois. « Sœur Raymonde Damite chantait au chœur des chantres dimanche dernier, et elle nous a quitté quelques jours plus tard », regrette le pasteur de cette église, Samson Dorilas Dorélien. Pour certains groupes de protestants « c’est la volonté permissive de Dieu ». Pourtant cette église n’est pas seulement la seule victime.
A travers les réseaux sociaux plusieurs personnes se plaignent de leurs proches victimes qui sont décédées de crise d’éclampsie. La plupart de ces plaignants reprochent « le manque de moyens dans les hôpitaux ». D’autres, par contre, estiment que « c’est la crise socio-politico économique ainsi que le climat d’insécurité qui stressent les femmes enceintes, au point qu’elles deviennent hyper tendues, jusqu’à perdre leur vie suite à des crises d’éclampsie ».
De l’avis de certains médecins interviewés, « une crise d’éclampsie en post partum est plus meurtrière que celle qui se déclenche avant l’accouchement. Il faudrait connaitre le suivi des parturiantes, suivi ante partum, suivi de l’a accouchement et le suivi post partum ». « Avec la crise économique, les femmes en post partum ont moins tendance à revenir en consultation par manque d’argent et restent chez elles », regrette le Dr Michel Fritz.
Pour sa part, le Dr James Joseph explique que « la maladie pré eclampsie- eclampsie est hautement mortelle, mais y aussi le problème des médicaments sur le marché qui ne donnent aucun effet sur le symptôme pour lequel on l’utilise ». « Moi personnellement j’ai trouvé un antihypertenseur (apresoline) qui n’a eu aucun effet sur les patientes », soutient-il.
L’un des problèmes ce sont les médicaments. Selon le Dr James Joseph, « il y a beaucoup de médicaments contrefaits sur le marché et des médicaments qui portent un logo « exclusivement pour Haiti » et qui sont en vente dans les pharmacies ». De plus, le Dr Joseph, à cause de la situation économique à laquelle le pays fait face, les gens ne peuvent pas acheter les bons medicaments, car c’est cher. « J’ai déjà vu une plaquette de Propranolol a 50 HTG. Or un beta bloquant c’est un médicament couteux. Comment peut-on le vendre a 50 HTG? », s’interroge-t-il en ajoutant que « c’est la même chose pour l’aprésoline, un antihypertenseur utilisé aussi pour faire baisser la tension en obstetrique ».
« Récemment il y eu à l’OFATMA le décès d’une parturiante après avoir accouché sans problème et aurait présenté une crise d’eclampsie du post partum », regrette le médecin de service sous couvert d’anonymat. Toujours selon ce dernier, « cela devrait interpeller les autorites sanitaires du pays et plus particulièrement la Direction des soins obstetricaux et de la famille du Ministère de la Santé Publique et de la Population ». De plus il pense qu’ « une enquête auprès des maternités certifiées du pays devrait permettre de résoudre ce problème et d’éviter de nouveaux cas de décès similaire dans le futur.
En attendant, plusieurs femmes enceintes continuent de mourir « en silence » suite d’une crise d’éclampsie et leurs proches et amis, de leur côté, continuent de pleurer leur départ prématuré à travers les médias sociaux … en attendant la mort d’une nouvelle victime, puisque cela devient presqu’une « épidémie»
Vant Bef Info (VBI)