Un an après son départ : Ariel Henry, l’oublié de la politique haïtienne
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Un an s’est écoulé depuis qu’Ariel Henry a quitté Haïti pour assister au sommet de la CARICOM en Guyane avant de se rendre au Kenya pour discuter du déploiement de la mission multinationale de soutien à la sécurité (MMS). Parti le 25 février 2024 dans l’espoir de renforcer son gouvernement, le Premier ministre d’alors n’a jamais retrouvé son siège. Écarté du pouvoir, son nom s’est progressivement effacé des débats politiques et de la mémoire collective.
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Un départ sous tension, un retour impossible
Port-au-Prince, le 25 février 2025 – Alors qu’il négociait avec le président kényan William Ruto le déploiement d’une force étrangère censée lutter contre les gangs en Haïti, le pays plongeait dans le chaos. Le 29 février 2024, la coalition criminelle Viv Ansanm lançait des attaques coordonnées sur la capitale. L’aéroport international Toussaint Louverture, point de passage crucial, tombait entre les mains des assaillants, scellant le sort d’Ariel Henry et rendant son retour impossible. Pendant que la violence se propageait, le Premier ministre, contesté depuis des mois, se retrouvait spectateur d’un pays qu’il ne dirigeait déjà plus.
L’effacement d’un homme d’État
Longtemps perçu comme l’homme du compromis, Ariel Henry s’est vu dépassé par les événements. Ses tentatives pour rétablir la sécurité et faire venir la mission internationale ont échoué. Loin du territoire national, privé de soutien populaire et politique, il a assisté à son propre effacement. Même ses alliés internationaux, autrefois garants de sa légitimité, ont rapidement tourné la page. Le Conseil présidentiel de transition, mis en place dans la foulée, ne s’est même pas attardé sur son sort. En quelques semaines, celui qui dirigeait Haïti depuis l’assassinat de Jovenel Moïse en 2021 est devenu une figure du passé.
Symbole d’un système défaillant
L’éviction d’Ariel Henry illustre les failles profondes du système politique haïtien. Son départ précipité a mis en lumière la fragilité des institutions et l’influence grandissante des gangs armés sur la scène nationale. Un an plus tard, la violence persiste, et la mission multinationale censée stabiliser le pays reste une promesse non tenue. Pendant ce temps, Ariel Henry, chef d’un gouvernement sans territoire, demeure absent des discussions sur l’avenir du pays.
Un avenir incertain
Contrairement à d’anciens dirigeants haïtiens qui ont su rebondir après l’exil, Ariel Henry semble définitivement écarté de la sphère politique. Son incapacité à gérer la crise sécuritaire et son isolement diplomatique réduisent ses chances de revenir sur le devant de la scène. À moins d’un retournement improbable, il restera dans l’ombre, loin d’un pays qu’il a dirigé mais qu’il n’a jamais su stabiliser.
Wideberlin SENEXANT
Vant Bèf Info (VBI)