Vol, prostitution, et monnaie : les singes capucins révèlent les dérives du capitalisme primitif

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En 2005, une étude révolutionnaire a bouleversé notre compréhension des comportements économiques, non pas chez l’humain, mais chez une espèce de singes capucins. Sous la direction des chercheurs Keith Chen et Laurie Santos, l’université de Yale a mené une expérience qui allait révéler des aspects inattendus et troublants de la psychologie animale.

Une monnaie pour les singes : les bases de l’expérience

Connecticut, le 24 août 2024.- Tout a commencé lorsque Chen et Santos ont introduit un concept simple mais audacieux : apprendre à des singes capucins à utiliser des jetons comme une forme de monnaie. Ces jetons, échangeables contre de la nourriture, ont rapidement captivé l’intérêt des singes. En peu de temps, ces primates ont développé une compréhension rudimentaire de l’économie. Ils ont commencé à échanger leurs jetons contre leurs friandises préférées, évaluant avec soin la « valeur » de chaque échange.

Le comportement économique chez les singes : entre ruse et immoralité

Cependant, ce que les chercheurs allaient découvrir dépassait largement leurs attentes. Les singes capucins ne se contentaient pas d’échanger leurs jetons ; ils ont commencé à montrer des comportements d’une complexité morale surprenante. L’un des incidents les plus mémorables de l’expérience fut observé lorsqu’un mâle a offert un jeton à une femelle avant de s’accoupler avec elle. Peu après, la femelle a utilisé le jeton pour obtenir de la nourriture. Bien que cet événement n’ait été observé qu’une seule fois, il a marqué un moment pivot dans l’étude de l’économie animale, évoquant une sorte de « prostitution » primitive.

Mais les surprises ne s’arrêtent pas là. Les chercheurs ont également noté que certains singes ont commencé à voler des jetons à leurs congénères. Dans cette petite société simienne, l’économie a rapidement généré des comportements opportunistes et même criminels. Vols, tromperies et autres stratagèmes se sont multipliés, démontrant que même les bases de l’échange monétaire peuvent inciter à des comportements moralement répréhensibles.

Des implications troublantes pour notre propre société

L’expérience de Yale n’était pas seulement un miroir fascinant de nos propres comportements économiques, mais elle a également soulevé des questions sur la nature universelle de la moralité et de l’économie. Si ces singes, avec leur compréhension limitée de l’argent, pouvaient développer des comportements si humains, que cela dit-il de notre propre relation avec la monnaie et les systèmes économiques?

Les conclusions de cette étude sont une réflexion provocante sur les origines des comportements économiques et sur la fine frontière entre nécessité et immoralité, une frontière que même nos cousins éloignés, les singes, semblent capables de franchir.

un miroir troublant de notre humanité

L’expérience menée en 2005 par Keith Chen et Laurie Santos reste une pierre angulaire dans la compréhension du comportement économique animal. Elle rappelle que, sous la surface de la rationalité économique, se cachent des instincts profondément ancrés qui peuvent conduire à des actions inattendues et parfois troublantes. L’argent, même dans sa forme la plus simple, est un puissant moteur de comportement – qu’il soit humain ou simien.

Deslande ARISTILDE
Vant Bèf Info (VBI)