Un journaliste a-t-il droit à un passeport officiel ?
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La question de l’octroi de passeports officiels aux journalistes suscite de vives discussions depuis le début de la semaine, divisant à la fois l’opinion publique et les professionnels de la presse. Si certains estiment que cela remet en cause l’indépendance du métier, d’autres y voient une simple formalité.
Port-au-Prince, le 25 septembre 2024. Clarens Renois, journaliste chevronné aujourd’hui inactif, conseille à ses confrères d’utiliser un passeport régulier, même en accompagnant une délégation officielle. « Un passeport officiel n’est pas nécessaire. À Radio Métropole, la station prenait en charge nos déplacements internationaux, et cela s’appliquait à d’autres collègues », se remémore-t-il. Selon Renois, l’enjeu n’est pas nouveau, mais il soulève des préoccupations éthiques : un journaliste faisant partie d’une délégation officielle pourrait compromettre son indépendance en négligeant certains faits, une ligne rouge à ne pas franchir dans la profession.
De son côté, Jacques Desrosiers, secrétaire général de l’Association des Journalistes Haïtiens (AJH), ne partage pas cette réticence. Il estime qu’un passeport officiel est une simple formalité et rappelle en avoir eu un en 2005 lors d’une couverture de l’Assemblée générale des Nations Unies. Toutefois, il précise que le passeport appartient à l’État et doit être retourné une fois la mission terminée. Pour lui, la polémique est exagérée. « Les journalistes en mission avec des délégations officielles sont souvent trop accaparés par leurs responsabilités pour que cette question pose réellement problème », soutient-il.
Rommel Pierre, un journaliste avec plus de 30 ans d’expérience, est également agacé par l’ampleur de ce débat. Il regrette que des questions simples prennent aujourd’hui une dimension démesurée. « Autre temps, autres mœurs », résume-t-il, rappelant qu’avant et après 1986, il n’y avait pas autant de difficultés pour les journalistes à obtenir des visas.
Pour Clarens Renois, cette affaire pourrait servir de leçon. Il suggère que des entités journalistiques, telles que l’AJH ou les associations de patrons de médias, désignent des journalistes pour accompagner les délégations officielles. Ces derniers collecteraient les informations et les partageraient avec leurs confrères restés au pays, garantissant ainsi une couverture équitable pour tous.
Jean Allens Macajoux
Vant Bèf Info (VBI)