Un dimanche des Rameaux sans bandes à pied à Port-au-Prince, une grande première

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En 2024, l’insécurité pesait déjà lourdement sur les festivités religieuses et culturelles en Haïti. Malgré tout, quelques rares bandes à pied avaient défié la peur pour faire entendre tambours et bambous dans certains quartiers. Mais en ce dimanche des Rameaux 2025, c’est le silence qui règne dans les rues de Port-au-Prince. Pas une seule bande à pied n’a pu sortir. Les routes menant vers le centre-ville et ses environs sont presque entièrement occupées par des bandits lourdement armés. La ville ne danse plus, elle retient son souffle.

Baillergeau, le 13 avril 2025. – Chaque année, la tradition voulait que les rues de Port-au-Prince s’emplissent de sons et de ferveur dès la veille du dimanche des Rameaux. La ville vibrait au rythme des bandes à pied, qui, tambour en main, parcouraient artères et ruelles. Elles poussaient la foule à entrer dans la semaine sainte avec force et spiritualité.

Des routes comme la rue Capois, Lalue, le marché Salomon, la rue Chavannes, la ruelle Alerte, mais aussi des zones comme la rue Tunnel, Jean Philippe, Baillergeau ou encore Croix-des-Préz vibraient autrefois aux sons de Diagalo, Chamo Band, Fashion Matté, Jaguars Band, New-York New York, Raram No Limit, Relax ou encore Rosa Band. Ces groupes marquaient les esprits par leur énergie, représentant un canal d’expression populaire et culturelle profond.

Plus que de simples formations musicales, ces bandes incarnaient une culture de résistance, de foi et d’identité collective. En 2025, tout est figé. Aucun tambour, aucune flûte de bambou, aucun groupe n’a osé briser le silence.

Les traditionnelles descentes vers la rue Capois, les croisements animés à la rue Chavannes ou les tapages joyeux de la ruelle Alerte sont restés vides. L’insécurité est telle que même les plus téméraires ont dû se soumettre à la crainte. Les Rameaux se sont célébrés dans l’ombre d’un silence imposé par les gangs, qui dictent désormais leur loi dans une ville sans contrôle.

Tant que les routes resteront sous leur emprise, les espaces de rassemblement resteront synonymes de danger. Les traditions s’effaceront une à une. Et la société haïtienne continuera de perdre ces repères essentiels, sans que l’ordre ne soit rétabli.

Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)

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