Un an après son installation : le Mouvement Point Final réclame la révocation du CPT et propose une nouvelle transition

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À l’occasion du premier anniversaire de l’installation du Conseil présidentiel de transition (CPT), le Mouvement Point Final (MPF) dresse un bilan sévère de l’année écoulée et appelle à une rupture radicale avec l’actuel pouvoir de transition. Dans une déclaration transmise à la presse, la structure politique exige la démission immédiate des neuf membres du CPT et propose une nouvelle architecture transitoire pour sortir Haïti de l’impasse.

Port-au-Prince, 25 avril 2025 – Mis en place sous l’égide de la CARICOM, le CPT a officiellement pris fonction le 25 avril 2024 au Palais national. Mais pour le MPF, cette première année de gouvernance a été « la pire expérience politique de l’histoire contemporaine du pays ». Le Mouvement dénonce un système gangrené par « l’amateurisme, le mercantilisme, le népotisme et la gloutonnerie », évoquant une gouvernance incapable de répondre à l’urgence nationale.
Le MPF affirme que sous l’autorité du CPT, Haïti a sombré davantage dans la violence et l’instabilité. Il fait état de 19 massacres, de près de 2 600 assassinats — dont celui d’un bébé de trois mois brûlé vif —, et de plus de 1,2 million de déplacés internes. Le groupe signale également la destruction ou la perte de contrôle de 25 commissariats, l’étabissement de 28 postes de péage illégaux, et le contrôle d’une trentaine de territoires par des gangs armés, notamment dans l’Ouest, l’Artibonite et le Centre.
Sur le plan institutionnel, le MPF souligne la paralysie de l’administration publique, avec plus de 100 institutions déplacées, dont la Primature, la Cour de Cassation et le Palais national. À cela s’ajoute la fermeture de plusieurs hôpitaux, de plus de 1 000 écoles et des principaux marchés du centre-ville de Port-au-Prince. L’aéroport international Toussaint Louverture demeure inaccessible, tandis que l’attaque de cinq prisons a permis l’évasion de quelque 7 500 détenus. Par ailleurs, plus de 5,6 millions de personnes vivraient actuellement dans une insécurité alimentaire aiguë.
Face à ce tableau, le MPF appelle à l’annulation de l’accord du 3 avril 2024, qu’il qualifie d’illégal et jamais publié dans le journal officiel Le Moniteur. Le mouvement exige la fin immédiate du mandat du CPT et propose l’installation d’une nouvelle transition à partir du 18 mai 2025.
Ce processus serait dirigé par un juge de la Cour de Cassation, encadré par un Conseil de sages composé de 11 membres et surveillé par un organe indépendant de contrôle en collaboration avec la Cour supérieure des comptes. Le MPF plaide également pour la mise en place d’un Conseil national de sécurité publique, la réévaluation du Conseil électoral provisoire, ainsi que la création d’une task force nationale pour répondre à la crise humanitaire.
Pour Ulysse Jean Chenet, coordonnateur général du MPF, cette proposition vise à « redonner à Haïti une direction claire, structurée, et fondée sur l’urgence nationale ». Selon lui, « la nation ne peut plus attendre. Il faut tourner la page de cette transition chaotique et ouvrir un nouveau chapitre avec des acteurs compétents et responsables ».
Pour mémoire, le CPT avait été investi au Palais national dans une cérémonie inattendue, initialement prévue à La Villa d’Accueil. Depuis, ses membres ont dû quitter le Champ de Mars, devenu trop instable pour garantir leur sécurité.
Wideberlin Senexant
Vant Bèf Info (VBI)