Turquie: En difficulté, des Haïtiens appellent le gouvernement à l’aide
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En difficulté en Turquie, ces Haïtiens n’ont pas les moyens pour retourner au bercail. Ces derniers, qui font part de leur situation difficile et compliquée, sollicitent le soutien du gouvernement haïtien.
Istanbul, le 27 mai 2022.- Rien ne va plus pour ces Haïtiens partis à la recherche d’El Dorado en Turquie. En effet, comme pour le Brésil, le Chili entre autres, ces Haïtiens font face à de nombreux problèmes dans le pays d’Erdogan.
« Le visa qu’on nous avait donné c’était un visa de trois mois. Un visa touriste qui ne permet pas de travailler dans le pays. Une fois les trois mois écoulés, vous devenez illégal dans le pays. Vous ne pouvez pas réaliser grand chose avec lui », indique Corgelas Djeffson, un de ces jeunes haïtiens vivant depuis quelque temps à Istanbul.
Profitant de cette situation, certains patrons qui décident d’embaucher certains de ces Haïtiens ne leur payent pas selon la grille salariale en vigueur. Ce que reçoivent les Haïtiens pour une journée de travail est totalement inférieur par rapport à ce que reçoivent les Turcs, dénonce t-il.
» Les Haïtiens sont embauchés dans le secteur textile. Ils sont allés travailler de 7h du matin et reviennent parfois vers 8 heures du soir. Et souvent quand le moment du payroll arrive certains patrons font pression sur les employés illégaux. Ils nous donnent le montant qu’ils désirent », explique le natif de Saint-Marc.
« L’agence qui a organisé le voyage a trompé la vigilance de ces jeunes »
Face à la montée de l’insécurité et du chômage dans le pays, les jeunes deviennent la proie facile des agences de voyage. Ainsi devant l’absence de contrôle des autorités, elles continuent de mener à la boucherie des jeunes fatigués de vivre en Haïti.
« Au moment où l’on m’avait informé du voyage en Turquie, les responsables de l’agence m’avaient fait comprendre qu’en arrivant, je vais pouvoir poursuivre mes études et travailler à la fois. J’ai payé trois mille dollars américains à l’agence qui en retour m’avait fait savoir qu’elle allait s’assurer du billet et du suivi dès mon arrivée en Turquie. Quand je suis arrivé, je descendais de l’avion je ne voyais personne. Quand j’ai appelé, on m’a bloqué. C’est ce qui s’est passé avec plusieurs parmi nous. C’est un Haïtien que je connais même pas qui m’a hébergé pendant quelques semaines car il voyait ma misère », raconte t-il avec une tristesse dans la voix.
« 13 Haïtiens dans un appartement de deux chambres à Istanbul »
Avec la guerre entre l’Ukraine et la Russie, la situation des Haïtiens déjà difficile en Turquie devient plus compliquée. Le pays fait face à une inflation galopante.
» Je suis dans un groupe de 103 Haïtiens. Aucun d’entre nous avec notre statut illégal ne peut se permettre de louer une chambre à lui seul pour un mois. Il ne peut pas. Il n’aura pas de moyens pour le faire. Dix Haïtiens parfois se mettent ensemble pour le faire. Moi, là où je vis, nous sommes 13 dans un appartement de deux chambres à coucher. Pas besoin de vous expliquer l’ampleur de la situation », se désole t-il.
« Pour un retour en Haïti, un SOS au gouvernement »
Désireux de retourner au bercail, nos compatriotes font face à de sérieux problèmes. Ils ne disposent pas de moyens pour payer le billet d’avion. En plus de cela, étant illégaux, ils ne peuvent pas passer par la Belgique puisqu’ils ont été repoussés par les autorités belges.
» Nous voulons retourner en Haïti. Etant donné que la Turquie n’est pas dans l’espace Schengen, il devient plus difficile pour nous. Il nous faut un voyage de Turquie à la Colombie, de Colombie à Santo Domingo et de là à Haïti. Et pour ceux qui ont leur visa dominicain expiré, il faut d’abord renouveler le visa », souligne t-il précisant que le sien expirera au début du mois de juin.
Il appelle le gouvernement haïtien à faire le nécessaire en vue de rapatrier vers Haïti les Haïtiens en difficulté en Turquie.
Mauryle Azaine
Vant Bèf Info (VBI)