Talents en fuite : la jeunesse sportive et artistique cherche refuge à l’étranger

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Face à l’insécurité croissante et au manque d’infrastructures adéquates, de nombreux jeunes talents haïtiens quittent le pays. Que ce soit dans le sport ou dans l’art, ces jeunes sont contraints de partir pour réaliser leurs rêves. Cette fuite des talents prive Haïti de ses ressources humaines les plus précieuses et souligne l’urgence de solutions pour inverser la tendance.

Delmas, le 29 mars 2025. –
Depuis quelque temps, de nombreux jeunes haïtiens, comme Patrick Pierre Chéry, se voient forcés de quitter leur pays en raison de l’insécurité. Passionné de tennis de table, Patrick a découvert ce sport lors d’un camp estival au Centre « Sport pour l’Espoir » à Port-au-Prince. Il a rapidement montré un grand potentiel, mais faute de moyens, il a dû créer sa propre table en utilisant des matériaux de récupération. Son talent a été remarqué par la Fédération internationale de tennis de table, qui lui a fourni du matériel adapté. Malgré ces soutiens, le manque d’infrastructures stables pousse des jeunes comme lui à chercher des opportunités ailleurs.
Des initiatives locales pour contrer cette fuite des talents
Face à ce phénomène, des initiatives ont été mises en place par l’État haïtien et des organisations internationales. En octobre 2023, cinquante jeunes de quartiers affectés par la violence ont été formés et certifiés ambassadeurs de la paix par le sport, un programme visant à les transformer en acteurs de changement dans leurs communautés.
La Fédération haïtienne de football (FHF) a également lancé en décembre 2023 le Festival GrassRoots, une série de sessions pour repérer et encadrer les jeunes talents féminins, avec pour objectif de constituer l’équipe nationale U15.
Le soutien financier reste insuffisant
En juillet 2023, l’État haïtien a alloué une subvention de 20 millions de gourdes à la Fédération haïtienne de football pour soutenir la participation des sélections nationales aux compétitions internationales. Toutefois, cette aide ne répond pas aux problèmes structurels auxquels sont confrontés les jeunes talents du pays.
L’insécurité tue la culture
La situation est tout aussi critique du côté artistique. L’augmentation du contrôle des gangs armés sur environ 80 % de Port-au-Prince a restreint les espaces de création pour les artistes. Plusieurs institutions culturelles ont été vandalisées, et de nombreux artistes ont choisi de quitter le pays ou de cesser leurs activités. L’écrivaine Yanick Lahens, lauréate du prix Femina, souligne que l’espace de création se réduit chaque jour, rendant la vie culturelle de plus en plus difficile.
La fuite des talents, qu’ils soient sportifs ou artistiques, est symptomatique d’une crise plus profonde qui touche tout le pays. Bien que des initiatives existent pour soutenir ces jeunes, elles demeurent insuffisantes face aux défis sécuritaires et structurels qui entravent leur épanouissement en Haïti.
Ici, pas de terrain de jeux accessibles, pas de salles de spectacle en construction, on est au bord du désastre à tous les niveaux.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)