Société/Insécurité: « L’accord de paix conclu entre les gangs ne suffit pas, ils doivent déposer ou remettre leurs armes »
Getting your Trinity Audio player ready...
|
L’entrée Sud de la capitale haïtienne connaîtra à nouveau la paix. Une promesse des bandes rivales de la zone qui s’affrontent depuis bientôt deux ans. Ces dernières ont décidé d’enterrer la hache de guerre et annoncent avoir conclu un accord de paix en ce sens. Une démarche louable, estiment certains riverains qui envisagent de regagner leurs maisons, qu’ils ont été contraints d’abandonner depuis le début de ce conflit armé. Mais, les habitants sont on ne peut plus dubitatifs quant à la sincérité des acteurs.
Port-au-Prince, le 10 décembre 2022.- Depuis juin 2021, la zone de Martissant est devenue un enfer pour riverains et usagers de la nationale numéro 2. En raison des affrontements armés, plusieurs milliers d’entre eux ont dû quitter le quartier. “Alors que les autorités haïtiennes avaient annoncé une pacification de l’entrée Sud de la Capitale, plus d’un an et demi après, rien n’est fait”, se plaignent certains habitants.
Selon des informations parvenues à notre rédaction, les civils armés ont annoncé une trêve, suite à un accord de paix paraphé entre eux. Dans des vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, des leaders de groupes armés appellent les riverains qui ont laissé la zone, à y retourner.
Certains d’entre eux ont certes envie de revenir, mais doutent encore de la sincérité de cet appel. “Je vivais à Martissant avant les affrontements. Durant la guerre, j’avais laissé la zone pour aller vivre à Carrefour. J’ai laissé ma maison sans pouvoir emporter le moindre objet. Je suis au courant de cette paix annoncée, mais difficile de la prendre au sérieux”, nous confie Donacien Jean.
Une position partagée par Carine, native des Cayes, qui en veut pour preuve la décision des concernés de garder encore leurs armes. « La meilleure preuve qu’ils devraient donner ce serait de remettre les armes à feu qu’ils ont en leur possession. S’ils gardent leurs armes et nous invitent à y retourner, c’est quoi leurs objectifs ? », se demande Carine, qui s’est réfugiée dans le Sud du pays, depuis le début de la guerre des gangs.
Par ailleurs, selon la jeune fille il y a une autre condition n’est pas réunie pour le retour des habitants dans les quartiers ravagés par les conflits. « Beaucoup de maison sont encore occupées par ces hommes armés qui disent avoir fait la paix », souligne la trentenaire. Carine déclare ne pas comprendre après une telle annonce, des civils continuent d’exhiber leurs armes et de rançonner les usagers de la nationale # 2. De plus, elle a du mal à faire confiance à groupes armés qui n’ont même pas eu la décence de présenter des excuses aux proches des personnes assassinées ou tuées à cause de cette terrible guerre entre gangs.
De nouvelles victimes déjà pendant cette « paix » annoncée
Alors que la paix est annoncée entre les groupes armés, la banlieue Sud de Port-au-Prince est encore sous le contrôle des civils armés qui y font régner leur loi. Selon nos informations, des bus qui assurent le transport en commun ont été interceptés par ces individus qui imposent aux chauffeurs de fortes sommes d’argents pour pouvoir traverser la route. Une pratique souvent dénoncée par les syndicats de transport. Hormis les autobus, d’autres camions de marchandises continuent d’être détournés par ces bandes armées, selon des témoignages parvenues à notre rédaction.
Ainsi, ces citoyens interrogés sur le dossier pensent qu’il revient à l’Etat de prendre des dispositions nécessaires afin de favoriser une paix durable dans la troisième circonscription de Port-au-Prince, servant de voie d’entrée à quatre autres départements et une partie de l’Ouest
Azaine Mauryle
Vant Bèf Info (VBI)