Sécurité | Haïti fait appel à Erik Prince, ex-chef de Blackwater, pour lutter contre les gangs

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Face à l’escalade de la violence armée dans la capitale haïtienne, le gouvernement a discrètement signé un contrat avec Erik Prince, ancien patron de la firme militaire privée Blackwater, révèle The New York Times dans un récent article publié le 28 mai 2025. Objectif : reprendre le contrôle des zones dominées par des gangs lourdement armés.

Port-au-Prince, 28 mai 2025 – Erik Prince, figure controversée des opérations paramilitaires, aurait débuté ses activités en Haïti depuis mars dernier. Selon l’enquête du NYT, ses équipes pilotent des drones armés censés cibler les chefs de gangs, même si aucun résultat officiel n’a encore été communiqué. Il recruterait aussi d’anciens militaires haïtiano-américains et prévoit le déploiement de 150 mercenaires sur le terrain durant l’été. Des cargaisons d’armes seraient déjà en route, selon des sources en sécurité.

Une stratégie à hauts risques

Ce recours à des contractuels militaires privés intervient alors que la Police nationale d’Haïti (PNH) peine à contenir les violences. Pour certains observateurs, il s’agit d’un virage risqué : Erik Prince est associé à plusieurs scandales, dont le massacre de civils en Irak en 2007, alors qu’il dirigeait Blackwater.

Interrogé par Le Nouvelliste, le ministre de l’Économie et des Finances, Alfred Métellus, a défendu cette approche : « Les portes sont ouvertes. Toutes les options doivent être sur la table. » Une déclaration qui reflète l’urgence dans laquelle se trouve un pays où plus d’un million de personnes sont déplacées, et où des hôpitaux, écoles et commissariats sont régulièrement attaqués.

Une intervention sans garde-fous ?

Les États-Unis affirment ne pas financer les opérations de Prince, même s’ils sont au courant du contrat. Mais cette absence de supervision inquiète. « S’il s’agissait d’un programme américain, il y aurait au moins un minimum de contrôle. Là, il ne rend de comptes à personne », déplore Rod Joseph, vétéran haïtiano-américain, approché pour participer au recrutement.

Cette alliance fait débat. Si certains y voient une mesure de dernier recours, d’autres redoutent un effet boomerang. « Sans transfert de compétences aux forces locales, cette stratégie ne fera que repousser l’échec », avertit Rod Joseph.

Dans un pays fragilisé par des décennies d’interventions étrangères, le retour de soldats privés étrangers, dans un contexte de crise humanitaire aiguë, risque de raviver des tensions historiques. Et d’alimenter le scepticisme sur l’avenir d’une solution durable à la crise sécuritaire haïtienne.

Widberlin Senexant

Vant Bèf Info (VBI)
Avec The New York Times

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