Santé au travail : en Haïti, l’infirmerie reste une urgence négligée

Getting your Trinity Audio player ready...
|
Alors que le monde célèbre ce 28 avril la Journée mondiale de la santé au travail, Haïti reste confrontée à une réalité préoccupante : l’absence quasi totale d’infirmeries dans les institutions publiques et les entreprises privées. Pourtant, la capacité d’intervenir rapidement en cas d’urgence médicale est cruciale, parfois vitale.

Port-au-Prince, 28 avril 2025 – Selon plusieurs organisations locales de santé, moins de 10 % des institutions publiques disposent d’un espace dédié aux soins d’urgence. Dans le secteur privé, la situation est encore plus alarmante. « La plupart des entreprises n’ont même pas de trousses de premiers secours, encore moins une infirmerie ou du personnel formé pour intervenir en cas d’accident », déplore Dr. Yvens, spécialiste en santé publique et en médecine du travail.
Les risques ne manquent pourtant pas : chutes, malaises cardiaques, blessures légères ou graves peuvent survenir à tout moment en milieu professionnel. L’absence d’une prise en charge immédiate peut avoir des conséquences dramatiques. « Chaque minute compte lorsqu’il s’agit de sauver une vie. Sans soins rapides, un simple malaise peut devenir fatal », alerte l’infirmière Judith Merisier, spécialisée en soins d’urgence.
Au-delà du danger pour les employés, la négligence en matière de premiers secours expose aussi les employeurs à de lourdes responsabilités juridiques. Si ailleurs dans le monde la loi impose des dispositifs de secours adaptés au nombre de salariés, en Haïti, leur application reste largement défaillante.
Pourtant, investir dans une infirmerie d’entreprise est aussi un choix stratégique. « Un employé qui se sent en sécurité est plus motivé, plus fidèle et plus performant », souligne Dr. Yvens. Une politique de santé au travail efficace réduit les arrêts de maladie, améliore l’image de l’entreprise et renforce sa crédibilité auprès du public et des investisseurs.
Face aux défis sanitaires croissants, la mise en place d’infirmeries, la formation aux premiers secours et l’intégration de la santé au travail dans les politiques publiques doivent devenir des priorités nationales. Protéger la vie des travailleurs aujourd’hui, c’est investir dans une économie plus humaine et plus résiliente pour demain.
Azaine Mauryle
Vant Bèf Info (VBI)