Révélations poétiques et vérités brutes: l’impertinence yoyeuse de la romancière Marnatha Ternier

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La romancière Marnatha Irène Ternier continue de capter l’attention avec son roman. Les opinions continuent de déferler sur son livre et sa poésie. La plus récente est celle d’Emmanuel Jean François.

Port-au-Prince, le 31 juillet 2024. – Observer le parcours professionnel de Marnatha Ternier, l’auteure de « La Transe des Masques », c’est comme pénétrer dans un jardin secret, inattendu et luxuriant. Avec un diplôme en Sciences Informatiques, une licence en Marketing et en Relations Publiques, et une carrière établie dans la finance, qui aurait pu prévoir qu’elle déploierait une plume si belle et saisissante ? Pourtant, ce roman défie toutes les attentes et les critiques, dévoilant une prose à la fois claire, limpide, douce et alerte.

Bien que je ne connaisse pas personnellement Mme Ternier, je me souviens de l’avoir croisée brièvement au Palais National lors d’un Conseil des Ministres. Elle dégageait une aura de joie de vivre, une métaphore vivante de l’allégresse. C’était une femme de caractère, arborant un sourire constant, comme une étoile éclatante au milieu de l’obscurité.

En parcourant « La Transe des Masques », je me suis rendu compte que la vie est souvent loin de ce que l’on imagine. Comme disait Socrate, « Connais-toi toi-même ». Nous croyons savoir qui nous sommes, mais parfois, il suffit d’un événement, d’une expérience ou d’un malentendu pour que notre véritable nature, ou celle des autres, se révèle. Ce roman est comme un oignon, se pelant couche après couche, jusqu’à ce qu’il ne reste que les larmes, témoins de la vérité mise à nu.

Je n’aurais jamais imaginé qu’une femme avec une telle joie de vivre puisse avoir autant de profondeur et de choses à dire sur elle-même et la société. Mme Ternier livre sa vérité de manière crue et sans fioritures, avec une brutalité qui percute le lecteur de plein fouet.

En tant que simple lecteur, j’ai été profondément touché par ce cri du cœur. Comme l’écrivait le poète Rainer Maria Rilke, « La vraie patrie est peut-être l’écriture », et dans ce livre, j’ai trouvé une part de moi-même, une résonance avec l’humanité tout entière, dans sa beauté et sa laideur. Le préfacier, Pradel Henriquez, a magnifiquement capturé cette essence en disant : « Ce texte, dans ses aventures partagées, demeure en fin de compte le vécu de l’homme en général. » Cette phrase a éveillé en moi un écho profond, une reconnaissance des vérités universelles que Marnatha Ternier dévoile.

Le contraste entre la joie et la tristesse dans ce livre m’a poussé à m’interroger : pourquoi l’auteure a-t-elle exploré ces émotions avec une telle intensité ? Peut-être y a-t-il en elle des actes manqués, un goût d’inachevé. Comme disait Albert Camus, « La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent. » Peut-être « La Transe des Masques » est-elle seulement la pointe émergée de l’iceberg, promettant encore plus de surprises et de réflexions profondes.

Le passage décrivant le Dr Linda Isabel est particulièrement frappant. C’est dans cet instant de vulnérabilité qu’elle enlève ses masques, dévoilant une humanité crue. Là, où elle prône la prudence en tant que médecin, elle se laisse emporter par le désir, au point d’en oublier ses propres préceptes et de tomber enceinte. Cette scène poignante est un reflet des contradictions humaines, où les masques que nous portons chaque jour peuvent glisser, révélant nos vérités les plus profondes.

« La Transe des Masques » n’est pas seulement une œuvre où les masques de notre société tombent ; c’est aussi une plongée dans la haute culture de l’auteure, qui aborde des sujets tels que la découverte de l’Amérique avec une richesse de détails. Cependant, il ne s’agit pas d’un simple étalage de connaissances. Marnatha Ternier cherche à dénoncer le génocide qui a suivi l’arrivée des Espagnols en Haïti en 1492, où une civilisation entière a été décimée sous le prétexte de la religion. Ce rappel historique est une blessure toujours ouverte, un cri d’alarme contre l’oubli.

De « D’une Terne Cérémonie » à « L’Innocence Sauvage du Désespoir », en passant par « L’Âme de la Douleur », « Le Coq Refuse de Chanter », « Le Diaspora », « AYIBOBO », jusqu’à « Les Violences Faites aux Femmes, Par delà Le Bien et Le Mal », Ternier offre une analyse saisissante de notre société contemporaine. Ce livre, mêlant poésie, essai et fiction, tisse des liens subtils entre les différents masques que nous portons et les défaillances morales qui en résultent. Il propose une exploration multidimensionnelle où tout est permis, où tout peut être dit, dévoilant ainsi les failles et les hypocrisies de notre époque.

« La Transe des Masques » est bien plus qu’un roman ; c’est une œuvre magistrale, une symphonie de mots qui touche l’âme et éveille des réflexions profondes sur notre condition humaine. Marnatha Ternier, avec une plume qui danse entre poésie et vérité brute, a capturé l’essence même de la vie. Ce livre nous incite à contempler les masques que nous portons, non seulement pour les autres, mais aussi pour nous-mêmes. Comme le disait Nietzsche, « Deviens ce que tu es. » À travers cette œuvre, Marnatha Ternier nous exhorte à embrasser notre véritable essence, à déchirer les voiles de l’illusion et à affronter la réalité avec courage et sincérité.

La vie, dans toute sa complexité, est une danse délicate entre la lumière et l’ombre, la joie et la tristesse. Comme une étoile filante traverse le ciel nocturne, notre passage dans ce monde est éphémère, mais laisse une traînée de lumière. Il est essentiel de vivre avec authenticité, de rechercher la beauté même dans les moments les plus sombres, car c’est là que résident les vérités les plus profondes.

« La Transe des Masques » nous invite à une introspection profonde, à trouver notre propre vérité au-delà des apparences. C’est un appel à embrasser l’impermanence de la vie, à célébrer nos vulnérabilités comme des forces, et à comprendre que la véritable beauté réside dans l’acceptation de notre humanité partagée.

En somme, ce roman est un miroir où chacun peut voir son reflet, nu et sans artifice. Il nous rappelle que, sous les masques, nous sommes tous des âmes en quête de sens, d’amour et de connexion. L’œuvre de Marnatha Ternier nous pousse à vivre pleinement, à aimer avec ferveur, et à toujours chercher la lumière, même dans les moments les plus sombres. Car c’est dans la sincérité de nos émotions et la profondeur de nos réflexions que réside la véritable essence de la vie.

Vant Bèf Info (VBI)