Retour du championnat national dans l’impasse : les clubs de Solidarité 2.0 conditionnent leur participation

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Par : Ken-Rick Fernando Joseph

Le mardi 10 juillet 2024, la Fédération haïtienne de football (FHF) a publié son calendrier pour le retour du championnat national, sous la forme d’un championnat spécial, afin de contourner les problèmes liés à l’insécurité. Cette proposition restait ouverte à l’appréciation des clubs, dans le but de trouver une meilleure formule pour lancer définitivement le championnat au début du mois de septembre.

Le 31 juillet 2024, 16 clubs de première division ont adressé une correspondance à la FHF pour exposer les enjeux économiques auxquels ils sont confrontés ainsi que la situation précaire liée à l’insécurité qui règne dans le pays. En réponse, une réunion s’est finalement tenue le 5 août 2024, dans laquelle les clubs ont posé des conditions pour leur participation. C’est le cas de l’Arcahaie FC qui, par l’intermédiaire de son président Leonard Tout-Puissant (Izolan), a clairement exigé du comité en place l’organisation des élections dans les plus brefs délais, afin de doter la FHF d’un comité exécutif élu.

Cependant, dans le cadre de ce processus lié à la tenue des élections, Arcahaie FC n’a jamais entamé la procédure de demande de licence pour les clubs. À noter que 14 clubs sur 18 avancent néanmoins dans la bonne direction.

Pourquoi les clubs de Solidarité 2.0 conditionnent-ils leur participation au prochain championnat national ?

Plusieurs clubs de première division (D1) ont dressé un tableau sombre de leur situation économique et ont sollicité une aide de la FHF. Cependant, cette aide ne leur est jamais parvenue, car le Comité de normalisation ne dispose pas des moyens adéquats pour soutenir les clubs. La FIFA, quant à elle, dispose d’un fonds de solidarité, mais aucun club en Haïti ne remplit les critères pour en bénéficier. Récemment, les clubs ont demandé au Comité de normalisation de solliciter une aide auprès de l’État afin de pouvoir disputer le championnat. Alors que la FHF demande aux clubs de présenter un budget pour faciliter les démarches auprès du CPT, ces derniers n’ont toujours pas fourni ce budget. Depuis, la situation est au point mort.

À moins de deux mois de la fin du mandat du Comité de normalisation, plusieurs clubs ont précisé qu’ils ne joueront pas le championnat national sous la tutelle de ce comité. Mais où se situe réellement le problème ? Le Comité de normalisation n’est pas exempt de critiques. En raison de son manque de communication avec le grand public, les clubs n’ont pas été en mesure de se montrer à la hauteur des défis auxquels le football haïtien est confronté. Cela explique en partie pourquoi l’administration du football en Haïti reste dans une interminable phase de transition.

Sommes-nous incapables de garantir la continuité dans nos institutions ? Pourquoi la fin du mandat de ce comité hypothéquerait-elle le déroulement du championnat national ? Est-ce un simple prétexte utilisé par les clubs pour régler leurs différends avec le Comité de normalisation ? Autant de questions pertinentes auxquelles nous n’aurons probablement pas de réponses claires. Malheureusement, aucun prétexte ne semble justifier le refus des clubs de participer au championnat national, prévu pour le début du mois de septembre 2024.

Les clubs de Solidarité 2.0 peuvent-ils évincer le Comité de normalisation à la fin de son mandat ?

Depuis la radiation à vie de l’ancien président de la FHF, Yves Jean Bart, après 20 ans de mauvaise gouvernance, la FIFA a mis en place un Comité de normalisation pour réformer le football haïtien. Les clubs de Solidarité, sans réelle légitimité, ont engagé une bataille juridique contre la FIFA pour un éventuel retour de « Dadou », sanctionné pour agressions sexuelles et abus sur mineures par la Commission d’éthique de la FIFA. Une action que les responsables de la FIFA ont du mal à pardonner, malgré le soutien du Tribunal arbitral du sport (TAS) en faveur de l’instance suprême du football mondial.

En réalité, après avoir épuisé tous les recours juridiques pour tenter d’évincer le Comité de normalisation, les clubs de Solidarité n’ont plus aucune carte en main depuis près de deux ans. Par conséquent, la FIFA impose désormais son agenda au Bureau fédéral.

Désormais, les clubs de Solidarité ne pourront faire valoir leurs droits que s’ils se conforment au calendrier de la FIFA. Tant que les réformes au sein de la FHF ne seront pas pleinement réalisées, le processus électoral ne sera pas enclenché pour élire un nouveau Comité exécutif. La FIFA pourrait remplacer les membres actuels du Comité par d’autres Haïtiens ou étrangers, mais ce comité restera en place tant que les réformes exigées ne seront pas achevées.

Les clubs de Solidarité sont dos au mur !

Face à ce sombre tableau et à la situation alarmante du football haïtien, les clubs doivent se conformer au calendrier et aux réformes imposées par la FIFA, afin de restaurer une gouvernance normale au sein de la FHF. Le retour du championnat national ne devrait pas être conditionné, car tous les acteurs du football souffrent : les joueurs, les supporters, les investisseurs, les journalistes, entre autres.

Les clubs, bien qu’étant des entreprises privées, fournissent un service public. Les responsables doivent concrétiser leurs idées afin d’atteindre l’autosuffisance financière et sortir définitivement du cercle vicieux de l’assistanat, car ce dernier ne produit que misère et dépendance.

Vant Bef Info (VBI)

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