Retard de la MMSS en Haïti : causes et répercussions

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Le président kenyan William Ruto a annoncé le 27 mai dernier un nouveau report de trois semaines pour le déploiement de la Mission Multinationale de Sécurité en Haïti (MMSS) pour des raisons logistiques. Ce retard répété suscite des inquiétudes au sein de la société haïtienne, notamment dans le milieu politique.

Des membres des forces de défense keyannes (KDF) lors de la cérémonie de déploiement des troupes à l’Est du Congo à Nairobi, au Kenya le 2 novembre 2022.AP/Brian Inganga

Port-au-Prince, le 11 juin 2024 – La mission, soutenue par l’ONU et destinée à épauler la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans la lutte contre les gangs, a été annulée une fois de plus en raison de préparatifs logistiques insuffisants, ont indiqué les autorités kenyanes fin mai. Selon Africa.news, un haut fonctionnaire kenyan, sous couvert d’anonymat, a révélé que ce retard est dû au fait que la base où les policiers kenyans doivent opérer n’est achevée qu’à 70 %.

« Il faut trouver des entrepôts sécurisés pour l’armurerie, ainsi que des véhicules, avant que le déploiement des 200 premiers policiers kenyans soit effectif », rapporte l’agence de presse Africa.news via une source officielle kenyane.

Opinions politiques sur le retard de la MMSS

Dans une interview accordée à VANT BÈF INFO, Dr Frantz Large, activiste politique, a évoqué l’aspect géopolitique du retard de la MMSS en Haïti. Il souligne que la guerre russo-ukrainienne et le déploiement des navires militaires russes dans les ports de Cuba et du Venezuela mettent en péril l’hégémonie américaine dans la région et pourraient être à l’origine du report de la force militaire kenyane en Haïti.

« On ne devrait pas s’attendre à une intervention militaire en Haïti, mais plutôt à l’implantation d’une base militaire américaine dans le pays, car Haïti est un territoire géostratégique convoité par les États-Unis depuis quelque temps », a déclaré Dr Frantz Large lors d’une entrevue à l’émission 7Kout Verite le 11 juin 2024.

Par ailleurs, Réginald Delva, ex-ministre de l’intérieur et de la collectivité territoriale, expert en sécurité, estime que les autorités kenyanes ont besoin d’un interlocuteur légal pour activer l’arrivée des policiers kenyans en Haïti. Il considère la nomination des membres du gouvernement Garry Conille comme un pas important pour accélérer le déploiement de la force multinationale dans le pays.

« Pour assurer l’arrivée des policiers kenyans en Haïti, une feuille de route formelle est nécessaire pour finaliser l’accord avec les autorités kenyanes. Sans le cadre légal, la mission ne peut pas être effective », a-t-il déclaré lors d’une interview à la télévision Métropole.

La violence des gangs armés continue de semer la terreur dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, le cas récent étant l’assassinat odieux de trois policiers de l’UTAG à Delmas 18, le 9 juin 2024. Dans l’impasse, la population haïtienne attend l’arrivée de la Force Multinationale de Sécurité avec impatience.

Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)