République dominicaine : l’étau se resserre contre les migrants haïtiens dans l’indifférence honteuse des dirigeants haïtiens

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Depuis l’entrée en vigueur, le lundi 21 avril dernier, d’un nouveau protocole sur l’accès des étrangers aux soins de santé en République dominicaine, le calvaire des migrants haïtiens, des haïtiennes en particulier, en quête de soin s’est empiré. Désormais, pour accéder aux soins de santé dans les hôpitaux publics, les migrants doivent présenter une pièce d’identité valide, une lettre de travail, une preuve de résidence et de leur capacité à couvrir les frais. Même les femmes enceintes ne sont pas épargnées et un agent de la migration est posté en permanence dans les hôpitaux publics.

Santo Domingo, le 23 avril 2025. La scène filmée par le journal dominicain Listin Diario, montrant une haïtienne, sur le point d’accoucher, contrainte de monter dans un autobus de la Direction centrale de l’immigration pour être déportée, semble avoir choqué et indigné plus d’un sauf les autorités haïtiennes.
Le GARR dénonce une pratique discriminatoire et profondément inhumaine, soulignant que cette vidéo montre clairement que les autorités dominicaines traquent même les femmes enceintes dans les hôpitaux. L’organisation souligne qu’il s’agit là d’une violation des droits fondamentaux et de la dignité des migrants haïtiens.
Dans les rues de Port-au-Prince, les citoyens s’insurgent contre les dirigeants haïtiens qui, disent-ils, ont perdu la capacité d’avoir honte.
Pourquoi aucun mot, aucune note de sympathie du ministère à la condition féminine dont la titulaire actuelle se présente comme une militante féministe, se demande Geneviève, une jeune serveuse dans un bar à Delmas.
« Je me suis sentie indignée en regardant la vidéo », poursuit-elle, rappelant qu’elle a récemment été déportée par les autorités dominicaines. J’ai vécu trois ans là-bas et je suis rentrée sans rien, dit-elle.
Un journaliste de l’Agence France Presse (AFP) a constaté lundi, au moins trois femmes, avec des bébés nouveau-nés, placées dans un véhicule de l’immigration pour être reconduites à la frontière, après avoir été appréhendées, sans papiers dit-on, à l’hôpital Notre-Dame de la Altagracia à Santo Domingo.
La diplomatie haïtienne reste muette, c’est silence radio. Pas un mot du ministère des affaires étrangères, ni du ministère des haïtiens vivant à l’étranger.
Pas un mot du Conseil présidentiel de transition, ni du gouvernement. « Cela fait tellement longtemps qu’ils nous ont abandonnés », se désole Genevieve.
Là où les autorités haïtiennes brillent par leur absence, des organisations internationales prennent le relais.
Dans une note, Amnesty International souligne que l’entrée en vigueur de ce nouveau protocole « viole non seulement le droit à la santé, mais déshumanise également les personnes sans papiers et risque de les décourager de se faire soigner à l’hôpital, mettant ainsi leur vie en danger ».
Vant Bèf Info (VBI)