Reportage

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Élections américaines 2024 : les Haïtiens vivant aux USA entre espoir et scepticisme pour Haïti

Les élections américaines de 2024 suscitent un vif intérêt parmi les Haïtiens vivant aux États-Unis. Nombreux sont ceux qui, bien que loin de leur terre natale, perçoivent ces élections comme un levier potentiel pour influencer indirectement la situation en Haïti. À New York, Miami ou encore dans les rues de Boston, la communauté haïtienne se mobilise, entre conviction politique et espoir pour leur pays d’origine.

Le vote pour Haïti : une conviction forte chez certains expatriés

Pour Georges, 52 ans, installé aux États-Unis depuis plus de vingt ans, cette élection dépasse la simple dimension américaine. « Mon vote, c’est pour Haïti », déclare-t-il fermement, convaincu que les politiques étrangères américaines peuvent influer sur le futur de son pays natal. Ayant décidé de soutenir Donald Trump, Georges explique que son choix se justifie par une lassitude face aux promesses des démocrates qui ont rarement d’effets concrets. « Je ne crois plus aux discours. Avec Trump, au moins, on sait à quoi s’en tenir », confie-t-il, convaincu que son choix pourrait avoir un impact sur la diplomatie américaine envers Haïti.

Soutien aux démocrates : un espoir pour les immigrants haïtiens

D’autres membres de la diaspora haïtienne optent pour les démocrates, en grande partie grâce aux réformes d’immigration introduites par l’administration Biden, qui a notamment lancé le programme Humanitarian Parole. Max, 40 ans, chauffeur Uber, a quitté Haïti suite au séisme de 2010 et voit dans cette élection l’opportunité de consolider sa situation et celle de nombreux compatriotes. « Si Kamala Harris gagne, les Haïtiens ici pourront rester, aider leurs familles au pays, et espérer un avenir plus sûr », explique-t-il en ajustant le rétroviseur. Pour lui, ces élections représentent une chance de protéger les acquis des immigrants haïtiens et de maintenir un lien vital entre Haïti et sa diaspora.

Indifférence assumée : un choix pour l’autonomie haïtienne

Toutefois, tous ne partagent pas cet optimisme. Ashley, une influenceuse de 28 ans, fait partie de ceux qui ont décidé de ne pas participer au vote. Sur ses réseaux sociaux, elle incite ses abonnés à la réflexion : « Ce n’est pas aux Américains de changer Haïti. C’est à nous de nous prendre en main. » Selon elle, même avec un changement de présidence, Haïti restera dans l’ombre des puissances étrangères si les dirigeants haïtiens ne s’impliquent pas davantage pour résoudre les problèmes structurels du pays. Pour Ashley, voter ne servirait qu’à renforcer l’illusion d’une dépendance extérieure. Elle conclut avec conviction : « Aucune autre nation ne fera notre boulot à notre place. »

Gandhi Dorsonne, alias LeMétronome, observe un dilemme profond chez les Haïtiens résidant aux États-Unis. Ils sont pris entre leurs convictions religieuses et leurs aspirations pour un statut stable. Traditionnellement attachés à des valeurs conservatrices, beaucoup d’Haïtiens devraient se sentir naturellement proches des républicains, qui prônent des principes religieux similaires aux leurs. Cependant, les politiques républicaines sont souvent perçues comme hostiles à la communauté haïtienne, notamment en matière d’immigration. De l’autre côté, les démocrates proposent une politique plus souple, particulièrement avec des programmes de régularisation comme le Humanitarian Parole, mais leurs valeurs libérales ne résonnent pas toujours avec celles des Haïtiens. Ce choix cornélien force de nombreux Haïtiens à peser entre leurs convictions profondes et la sécurité de leur statut migratoire. Un dilemme que LeMétronome décrit comme un « choix entre l’âme et le corps ».

En tout cas, les élections américaines de 2024 mobilisent des Haïtiens aux visions multiples, certains voyant dans ce scrutin un vecteur d’espoir pour leur pays, tandis que d’autres appellent à un éveil de la responsabilité nationale.

Wandy CHARLES
Vant Bef Info (VBI)