Rentrée scolaire anticipée : des écoles de la capitale défient le ministère de l’éducation

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Plusieurs établissements scolaires ont rouvert leurs portes avant la date officielle fixée par le Ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), qui est mardi 1er octobre 2024. Cette décision, prise par certains directeurs d’écoles privées, suscite des débats au sein de la communauté éducative et parmi les parents d’élèves.

Port-au-Prince, le 25 septembre 2024.- En effet, c’est le cas pour le Collège Marie Anne, sise à la rue Christ-roi et dirigé par les sœurs de Sainte-Anne, les Petits Soleils à l’avenue N rue 3, et Yapitou entre autres…

Selon des témoignages de plusieurs parents gardant l’anonymat, les responsables de ces écoles justifient leur décision par plusieurs facteurs. Parmi eux, la nécessité de rattraper le retard accumulé lors des années précédentes à cause des crises sociopolitiques et économiques qui ont bouleversé le calendrier scolaire en Haïti.

D’autres estiment que la période d’octobre à juin, allouée par le ministère de l’éducation nationle, est insuffisante pour couvrir efficacement le programme éducatif.

D’autres aussi évoquent des raisons économiques. En effet, chaque jour sans cours représente une perte de revenus pour les écoles privées qui dépendent majoritairement des frais de scolarité payés par les parents.

Le retour anticipé en classe permet donc de maintenir un flux financier essentiel à la survie de certaines écoles.

La réaction des autorités tarde à venir

Le MENFP a insisté sur le respect du calendrier scolaire. Selon les responsables du Ministère, toute réouverture avant la date fixée représente une infraction et pourrait entraîner des sanctions à l’encontre des établissements fautifs.

Quelle sera donc la réaction du ministre face à ces écoles, souvent intouchable?

Les syndicats d’enseignants, quant à eux, restent muets sur la question.

Les parents face à la situation

Du côté des parents, les avis sont également partagés. Certains se réjouissent de voir leurs enfants retourner en classe plus tôt que prévu, craignant les conséquences d’une année scolaire trop courte.

D’autres se plaignent que des écoles veulent rouvrir un jour avant la rentrée officielle, soit le 30 septembre.

Par ailleurs, plusieurs d’entre eux se plaignent du coût supplémentaire que cela a engendré, notamment pour les frais de transport, les uniformes et le matériel scolaire acheté plus tôt que prévu.

Toutefois, certains admettent que ce retour anticipé pourrait permettre à leurs protégés de mieux se préparer pour les examens nationaux.

Une scolarité payé au prix d’or

Quoique les écoles congréganistes sont créées pour aider, subventionnées par l’état et recevant d’autres aides, leurs prix dépassent des lingots d’or.

La rédaction a pu obtenir le témoignage d’un parent d’un élève de 1ère AF. au collège Saint-Louis de Gonzague.

« J’ai versé 50 000 gourdes le 28 février 2024 pour garder la place. Avant le 15 septembre, il était question de verser 30 000 gourdes, ce que j’ai fait. Il me reste trois autres versements, de 30 000 gourdes chacun, soit un total de 90 000 gourdes à verser pour l’année. Tout ceci sans compter les uniformes, les tenues de sports et les livres qu’il faut acheter à l’école. »

La réouverture prématurée de certaines écoles en Haïti met en lumière les défis persistants du système éducatif haïtien, marqué par des retards chroniques, des crises politiques, et un manque de ressources.

Bien que certains voient dans cette initiative une solution pragmatique pour rattraper le temps perdu, elle soulève également des questions sur l’équité, la sécurité et le bien-être des élèves et des enseignants.

Le MENFP devra trouver un équilibre pour garantir le bon déroulement de l’année scolaire, tout en tenant compte des réalités socio-économiques du pays.

Belly-Dave Bélizaire

Vant Bèf Info (VBI)