Renan Hédouville : « les pays dits amis d’Haïti ne viendront pas la changer pour nous, nous devons nous engager »
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Le docteur Renan Hédouville est clair. « Les pays dits amis d’Haïti ne viendront pas la changer pour nous, il nous faut nous engager pleinement pour changer l’ordre des choses.
Port-au-Prince, le 4 janvier 2025. L’ancien protecteur du citoyen fait remarquer que l’année 2024 s’est achevée avec tous les indicateurs au rouge. En matière de sécurité, de respect des droits humains, de bonne gouvernance et de stabilité politique, tout va mal, souligne-t-il.
Selon lui, nous avons franchi les limites de l’indifférence, de l’indécence et du cynisme. Les citoyens doivent s’engager pleinement pour changer l’ordre des choses, dit-il.
Il fait remarquer qu’après plus de trente-deux (32) mois du gouvernement du Dr Ariel Henry, le peuple haïtien s’est retrouvé en avril 2024, encore sous la coupe d’un régime politique, sous le label de Conseil présidentiel de Transition (CPT), composé de neuf (9) membres et d’un Premier ministre.
Cependant, dit-il, les contradictions internes aiguës au sein de cette structure bicéphale, ont vite provoqué une bataille acharnée, une « grave crise politique dans la crise politique haïtienne » conduisant au départ du Premier ministre Gary Conille et son remplacement par Alix Didier Fils-Aimé.
Mais la situation du pays s’est aggravée durant les sept derniers mois de l’année écoulée tant sur le plan sécuritaire, social et économique et diplomatique.
La présence des militaires et des policiers n’a pas empêché l’insécurité de miner le quotidien des haïtiens. On a enregistré de nombreux cas d’assassinats, d’enlèvements, de viols et des violences sur les femmes et les fillettes, déplore le défenseur des droits humains.
Il évoque aussi la situation des institutions publiques, des commissariats de police, des églises, des hôpitaux, des cabinets d’avocats, des maisons de commerce, des maisons résidentielles, des facultés qui ont été complètement incendiés ou vandalisés.
La fermeture de l’aéroport Toussaint Louverture et les évasions de plus de 3000 détenus des prisons de Port-au-Prince et de Croix-des-Bouquets témoignent de l’aggravation de la situation sécuritaire, dit-il, faisant remarquer que jusqu’à 90% de la capitale est sous le contrôle des gangs.
En ce qui a trait à la situation sociael et économique, il estime qu’avec la présence des membres du CPT et d’un gouvernement, la pauvreté devient de plus en plus extrême, en raison de la décapitalisation des classes moyennes et d’autres gens à faibles revenus qui ont fui leurs maisons face à la terreur des gangs armés, opérant en toute impunité dans une société où la justice est moribonde.
Renan Hédouville dénonce le non-respect total des droits économiques, sociaux et culturels, pourtant garantis et protégés par la législation nationale et de nombreux instruments internationaux de protection des droits de l’homme.
En matière diplomatique, Haïti a commémoré, le 1er janvier dernier, les 221 ans de son indépendance alors qu’elle est devenue, aux yeux des observateurs, une basse-cour pour de nombreux États ordonnant leurs dictats, sans aucune gêne, et en se faisant parfois complices.
Aussi, le désespoir traverse de nombreux secteurs de la vie nationale et l’inquiétude devient de plus en plus grandissante avec des dirigeants politiques défendant les intérêts de leur clan, au seuil de 2025.
Il faut, dit-il, que les fils du pays prennent leur destin en main car, argue-t-il, « les « pays dits amis » d’Haïti ne viendront pas la changer pour nous, et nous ne pourrons pas importer la démocratie, la bonne gouvernance ».
La solution réelle, dit Hédouville, est l’engagement citoyen pour construire une société démocratique, un État de droit, soucieux du respect, de la protection et de la mise en œuvre des droits humains.
Pour cela, il pense qu’on doit miser sur la jeunesse qui représente le pilier de la nation. Il affirme que les jeunes et toutes les catégories sociales confondues doivent impérativement rejeter les trois maux qui rongent le monde, selon le dirigeant de Burkina Faso, Capitaine, Ibrahim Traoré : la traîtrise, la peur et l’ignorance.
Dodeley Orelus
Vant Bèf Info (VBI)