Remise du Livre blanc sur les esclavages : un état des lieux inédit de la recherche française

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L’historienne Dominique Rogers a remis, ce mercredi 30 avril, à Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le Livre blanc de la recherche française sur les esclavages, en présence de Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage (FME), et d’Antoine Petit, président-directeur général du CNRS.

Fruit d’un engagement pris dans le cadre de la deuxième convention entre l’État et la FME, ce Livre blanc, coordonné par Dominique Rogers au nom de la Fondation, constitue une démarche scientifique sans précédent. Il s’appuie sur plus de 200 auditions et contributions de chercheurs, ainsi que de responsables d’institutions scientifiques, culturelles et administratives. Ce travail collectif dresse un état des lieux d’une ampleur inédite de la recherche française sur les traites, les esclavages et leurs héritages.
Le document met en lumière un champ de recherche dynamique, réunissant en France plus de 250 chercheurs issus de 29 institutions et couvrant 14 disciplines, dont 42 % d’historiens. Ces spécialistes s’intéressent à toutes les formes d’esclavage, dans toutes les régions du monde et à toutes les époques. Leurs travaux abordent également les conséquences sociales, culturelles et politiques des systèmes esclavagistes, en France comme à l’international, y compris leur empreinte sur les arts et les mémoires.
Malgré une reconnaissance internationale, une forte production scientifique et une sollicitation croissante par les médias et les institutions culturelles, le Livre blanc pointe un manque de structuration et de visibilité du champ en France. De nombreux chercheurs travaillent encore de façon isolée, en dépit des avancées notables réalisées depuis les années 2000.
Pour y remédier, le Livre blanc formule 51 propositions, parmi lesquelles la création d’un groupement d’intérêt scientifique dédié, le renforcement des moyens alloués à ces recherches, ainsi qu’un meilleur ancrage entre la recherche, la culture et le patrimoine.
Dans son allocution, Philippe Baptiste a salué « la qualité exceptionnelle du travail réalisé par la mission du Livre blanc » et a réaffirmé l’importance accordée par le gouvernement aux sciences humaines et sociales (SHS), « essentielles pour comprendre notre monde, éclairer le débat public et guider les politiques publiques ». Il a également souligné que, dans un contexte international marqué par des remises en question de la recherche et de la liberté académique, une démocratie forte a plus que jamais besoin de ses chercheurs.
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche s’est engagé à collaborer avec le CNRS, la FME et l’ensemble des acteurs du domaine pour étudier les modalités de mise en œuvre des orientations proposées dans ce Livre blanc.
Martino CADET
Vant Bèf Info