Première conférence du CARDH sur la sécurité : le phénomène « Bwa Kalé » au cœur des débats

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Le Centre d’Analyse et de Recherche en droits de l’homme (CARDH) a organisé, ce mercredi 26 mars à l’hôtel Kinam, sa première conférence-débat sur la sécurité en Haïti. L’événement, inscrit dans le cadre de la Table Sectorielle sur la Sécurité (TSS), a permis d’aborder l’épineuse question du phénomène « Bwa Kalé » dans un contexte de violence généralisée.

Un espace de dialogue sur la crise sécuritaire

Pétion-Ville, 27 mars 2025 – Placé sous le thème « Le phénomène ‘Bwa Kalé’ dans le contexte de l’insécurité en Haïti », ce débat a réuni plusieurs acteurs clés, dont le Conseiller-président Dr Frinel Joseph, le ministre de la Défense Jean-Michel Moïse, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique Dr Patrick Pelissier, le directeur exécutif du CARDH Me Gédéon Jean, le représentant du Haut-Commissariat aux droits de l’homme Arnaud Royer, et l’inspecteur général en chef de la Police nationale d’Haïti, Frantz Thermitus.

Les discussions ont porté sur les origines et l’évolution du « Bwa Kalé », un mouvement d’autodéfense apparu en réponse à l’impuissance des autorités face aux gangs armés. La légitimité de ces actions, oscillant entre défense communautaire et exécutions extrajudiciaires, ainsi que leur encadrement légal et leurs implications en matière de droits humains, ont été au centre des échanges.

Le symptôme d’un État défaillant

Haïti fait face à une insécurité grandissante, marquée par l’expansion des gangs dans la capitale et dans l’Artibonite. Meurtres, enlèvements et pillages rythment le quotidien d’une population livrée à elle-même, alors que l’État peine à assurer sa mission de protection. Dans ce contexte, des citoyens, excédés par l’inaction des autorités, ont mis en place des groupes d’auto-défense, appliquant des sanctions radicales contre ceux soupçonnés de complicité avec les criminels.

Si ces initiatives traduisent un besoin urgent de sécurité, elles posent néanmoins de sérieuses questions éthiques et juridiques. En l’absence de contrôle, ces actions peuvent rapidement basculer dans la justice populaire et alimenter un cycle de violence incontrôlable.

Vers une approche concertée ?

Le phénomène « Bwa Kalé » illustre l’effondrement de l’État de droit en Haïti et l’urgence de solutions durables. La Table Sectorielle sur la Sécurité, en créant un espace de dialogue entre autorités, organisations de défense des droits humains et acteurs internationaux, tente d’ouvrir la voie à des stratégies plus efficaces et respectueuses des droits fondamentaux.

Renforcer les institutions sécuritaires et restaurer la confiance de la population envers l’État demeurent des priorités pour éviter que l’autodéfense ne devienne la seule réponse à la violence. Alors que le pays s’enfonce dans la crise, la nécessité d’un plan global pour rétablir la paix et la justice se fait plus pressante que jamais.

Mederson Alcindor
Vant Bèf Info (VBI)

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