Pourquoi il ne faut pas infliger des châtiments corporels aux enfants ?

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Coup de fouets, bastonnades et fessées… les châtiments corporels infligés aux enfants prennent plusieurs formes. Des parents en ont recours dans l’objectif de discipliner leurs enfants ou de les dissuader d’afficher un comportement jugé mauvais. Ces derniers jours, des images montrant des adultes en train de rouer de coups des enfants qui ont du mal à retenir leurs leçons écœurent la toile. Un dossier signé Wandy CHARLES

Un enfant qui pleure

Ici en Haïti, près de 90% des enfants sont soumis à cette forme de punition, selon des chiffres relayés par des ONG, en fonction d’études réalisées en ce sens. Plusieurs campagnes visant à bannir les violences faites aux enfants ont déjà été lancés. Le châtiment corporel figure au haut de la liste. Que pensent les victimes de ces corrections? Les parents sont-ils conscients des conséquences de cette pratique sur le développement psychologique des enfants ? Pourquoi cette forme de discipline qui cause de la douleur physique soit si répandue chez nous?

Des victimes en parlent

Cloé, une adolescente âgée 12 ans, continue de subir des châtiments corporels de la part de ses parents. Pour des leçons non retenues, un pot cassé, une chambre non arrangée, elle reçoit une claque soit de sa maman ou de son grand frère. « Ils me frappent toujours. Chaque manquement, je reçois un coup », se plaint-elle.

Ce n’est pas différent pour sa sœur Dashca, 7 ans. Les parents n’hésitent pas à lui coller une fessée ou tout simplement un autre coup, chaque fois qu’ils tentent de discipliner. Au premier écart commis, elle est exposée à une de ces nombreuses formes de punitions.

Considéré comme une sanction pour une infraction ou un moyen de dissuasion contre un comportement jugé répréhensible, le châtiment corporel consiste à frapper quelqu’un, surtout un enfant, suite à un écart de conduite. Parfois, le tuteur utilise une ceinture, un bâton ou tout autre objet qui lui tombe sous la main. Cloé en a déjà fait les frais. Elle se rappelle avoir été battu avec un cintre en plastique flexible. « C’était douloureux, et je n’avais pas le droit de répliquer », se souvient-elle.

Les bourreaux croient bien faire

Jean Bernard, grand frère de Cloé et de Dashca le confirme. Discipliner ses petites sœurs est une tâche que lui a confiée sa mère. Pour le jeune homme de 25 ans, si on veut avoir des enfants bien élevés, il faut les corriger avec rigueur. « Par ces temps qui courent, avec la dépravation actuelle si on ne corrige pas les enfants, demain ils feront honte à la société », croit dur comme Jean Bernard, employé d’une banque commerciale.

Est-il possible d’éduquer les enfants sans jamais les punir ? Robert Desrosiers est psychologue clinicien. Pour ce professeur d’université, la discipline fait partie de l’éducation mais, il relativise. « Corriger ses enfants n’est pas synonyme de les battre », soutient-il. Le psy explique qu’il existe diverses autres punitions qui ne violent pas l’intégrité physique des enfants.

Châtiment corporel et maltraitance des enfants sont des thématiques que Robert Desrosiers maitrise. Il en a consacré recherches, conférences et enquêtes. Du haut de ses expériences, le professionnel martèle que le bâton n’est pas une stratégie efficace pour élever un enfant. D’ailleurs, cette méthode a de très lourdes conséquences. « Cela pourrait être le début d’un cycle de violence », précise-t-il.

Point de vue des organismes de droits humains

Chaina Etienne, juriste de formation est chef assistante légale au Collectif Défenseur Plus, une organisation de promotion des droits humains. Pour elle, battre son enfant pour le corriger pose un grave problème de violation de droits humains. « La constitution haïtienne de 1987 et la convention internationale relative aux droits de l’enfant, ratifiée par Haïti en 1994, protègent les enfants.

Mais le hic, c’est qu’il n’existe aucune autre référence légale qui interdit, de manière stricte et directe, le châtiment corporel que des parents infligent à leurs enfants. Elle regrette que le projet de loi relatif à ce type de punition concerne exclusivement le milieu scolaire.

En tout cas, châtier son enfant en le frappant est encore très répandu en Haïti. Il s’agit d’un phénomène récurrent qui refait débat grâce aux réseaux sociaux. N’est-ce pas une occasion en or pour l’Etat hattien de plancher définitivement sur la question ?

Wandy CHARLES

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VANT BEF INFO (VBI)

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