Port-au-Prince: la triste réalité des camps des déplacés

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Depuis le début de l’offensive des gangs armés à Port-au-Prince, des milliers de familles sont contraintes de fuir leurs maisons pour échapper à la violence. Et le nombre de déplacés internes s’est considérablement augmenté ces derniers jours suite aux attaques des gangsters cherchant à étendre leurs tentacles.

Port-au-Prince, le 20 novembre 2024.- Les camps de déplacés fleurissent dans la capitale. Ils témoignent de la précarité et de la détresse des Haïtiens.

La plupart des camps représentent une partie du fardeau humanitaire que porte la capitale. C’est le cas, par example, du camp de l’ONA, de ceux de l’OPC et de l’école nationale de la république de la Colombie.

Le camp de l’ONA, un asile de détresse

Ce camp situé à la ruelle Robin, abrite des milliers de familles qui ont fui leurs zones, lors de l’offensive du vendredi 15 novembre dernier.

L’accès à l’eau potable est limité, provoquant des risques accrus de maladies infectieuses.

Les installations sanitaires sont insuffisantes et l’accumulation de déchets est un problème majeur, augmentant le risque des maladies comme la diarrhée.

« Notre plus grand problème est l’eau potable » témoingne une jeune femme, accompagnée de sa mère, une unijambiste.

Le camp de l’OPC, entre sécurité et désespoir

Situé à quelques mètres de Nazon, ce camp réuni les premières personnes touchées par les affrontements des gangs à Solino. Ce qui expose les réfugiés à des attaques armées.

« Rien ne dit qu’on a fini de courir », confie un homme, logé dans le camp avec sa femme.

Les réfugiés sont confrontés à un environnement de violence persistante, notamment dans la journée du mardi 19 novembre 2024.

« Nous avons passé à peu près deux heures cloitrés à l’intérieur, à cause des bandits éparpillés dans la zone, suite à l’interception d’un véhicule par la police » témoigne Lucienne Delva, précisant que c’est son deuxième camps pour l’année.

Bien que l’aide humanitaire parvienne à certaines personnes, elle reste toutefois insuffisante pour répondre aux besoins des déplacés.

« Chaque jour, d’autres familles rejoignent le camp. Il y a des organisations qui nous viennent en aide mais le nombre augmente continuellement, provoquant l’insuffisance de l’aide » ajoute Lucienne.

De plus, elle affirme que la crainte d’une escalade des conflits armés dans la zone rend difficile l’organisation d’une aide régulière.

Le camp de la république de la Colombie, un territoire de pauvreté

« Il y a quelques semaines, ce bâtiment acceuillait des élèves, maintenant nous en sommes les locataires, c’est cela Haïti, » indique Yvon Derilus, avec un découragement dans sa voix.

Les conditions de vie dans ce camp sont particulièrement difficiles. Il manque cruellement d’infrastructures adéquates, l’accès à l’eau potable est limité et l’hygiène laisse à désirer.

De plus, les tensions internes entre les déplacés issus de différents quartiers compliquent la gestion de l’espace.

« Ce camp est le dernier sur la route de bourdon. J’y suis depuis mardi dernier, parce que j’avais passé la nuit du lundi à L’OPC, » confie Luckner Siméon.

Les défis humanitaires face à l’exode massif

Au-delà des conditions de vie dans ces camps, les déplacés font face à des défis humanitaires majeurs. L’assistance humanitaire, bien que présente, reste fragmentée et insuffisante face à l’ampleur de la crise.

Les organisations internationales évoquent déjà 20 000 déplacés. Elles tentent de répondre aux besoins de base : eau, nourriture, soins médicaux. Elles sont souvent dépassées par la violence des gangs, qui bloque l’accès à certains axes routiers.

Les déplacés souffrent également d’un manque de protection contre les violences, notamment les violences sexuelles, qui se multiplient dans certains camps.

Une action déterminée des autorités compétentes pour mettre fin aux violences des gangs devient urgente. Les vies de milliers de personnes se trouvent suspendues à une promesse de sécurité pour un avenir plus stable.

Belly-Dave Bélizaire

Vant Bèf Info (VBI)

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