Port-au-Prince : cinq ans sans loisirs dominicaux, une génération sacrifiée
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Autrefois animés par les rires d’enfants et les sorties en famille, les dimanches à Port-au-Prince ne sont plus qu’un lointain souvenir. Depuis plus de cinq ans, l’insécurité grandissante a vidé les rues et contraint les habitants à l’enfermement. La capitale haïtienne, où 85 % du territoire est désormais sous le contrôle des gangs, vit au rythme des tirs et des enlèvements.
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Une enfance sous haute tension
Port-au-Prince, 16 février 2025 – Les espaces publics sont désertés, les parcs de loisirs fermés, et les enfants grandissent dans une peur constante. Selon un rapport de Human Rights Watch, près de 30 % des membres des gangs sont des mineurs, enrôlés dans ces groupes pour échapper à la misère.
« Mes petits ne peuvent pas sortir jouer. Il y a des tirs et des enlèvements à longueur de journée », confie Islande Mésidor, mère de deux enfants. Une situation qui inquiète également les éducateurs. « Sans activités récréatives, nos élèves sont anxieux et déconcentrés. Ils méritent une enfance normale », déplore Garry Casséus, professeur d’éducation physique.
Des dirigeants absents, une population abandonnée
Pendant que les familles des dirigeants haïtiens résident à l’étranger, la population fait face seule à cette crise sans précédent. L’inaction des autorités, jugée complice, suscite une colère grandissante. Les habitants se sentent abandonnés, sans protection face aux gangs qui dictent leur loi.
Une crise sans réponse concrète
Haïti est aujourd’hui le seul pays du continent américain où une telle dérive sécuritaire s’impose. La communauté internationale se limite à des condamnations sans mesures concrètes. Lors d’une visite en République dominicaine, Marco Rubio, secrétaire d’État américain, a déclaré que « les Haïtiens devaient trouver une solution haïtienne à cette escalade de violence », alors que les appels à l’aide se multiplient.
La Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS), censée restaurer l’ordre, reste en grande partie inactive. Peu d’opérations sont menées sur le terrain, alimentant le sentiment d’une présence plus symbolique qu’efficace.
Les dimanches sans loisirs à Port-au-Prince illustrent une crise qui condamne une génération entière à la peur et au repli. Plus qu’un constat alarmant, cette situation est un appel à l’action pour permettre aux enfants haïtiens de retrouver une vie normale.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)