Péages illégaux : les gangs haïtiens détournent jusqu’à 100 millions de dollars par an

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Le ministre de l’Économie et des Finances, Alfred Metellus, a révélé une nouvelle facette de l’emprise des gangs armés sur le territoire haïtien : un système parallèle de prélèvements imposés aux transporteurs de conteneurs, qui généreraient entre 60 et 100 millions de dollars américains chaque année. Une ponction illégale qui asphyxie l’économie nationale.

Port-au-Prince, 30 avril 2025 —Invité à l’émission Panel Magik ce mardi 29 avril, le ministre a décrit un réseau organisé de péages clandestins mis en place depuis la prise de contrôle de plusieurs axes routiers par les gangs, notamment depuis juin 2021. L’entrée sud de la capitale, l’Artibonite, la route vers le Centre, la frontière via Croix-des-Bouquets et même certains quartiers de Port-au-Prince sont devenus des zones de racket systématique.
Les chauffeurs de camions et de conteneurs doivent verser jusqu’à 2 000 dollars américains pour pouvoir circuler sans être attaqués. « Entre perdre leurs marchandises ou risquer leurs vies, beaucoup de propriétaires n’ont pas le choix. Ils paient », confie une source du secteur du transport.
Selon plusieurs observateurs, ces activités illégales seraient désormais plus rentables que le kidnapping. Elles permettent aux gangs de se financer en continu, d’acheter des armes et de renforcer leur contrôle sur le territoire. Les Nations unies estiment que près de 85 % de Port-au-Prince sont sous leur domination, directe ou indirecte.
Les conséquences économiques sont lourdes : hausse des prix des produits de base, augmentation des frais de transport, baisse de la rentabilité du commerce, et affaiblissement des recettes publiques. Cette économie parallèle, fondée sur la peur et l’impunité, érode davantage les capacités de l’État haïtien à rétablir l’ordre et à relancer l’activité économique.
La propagation de ce phénomène à d’autres régions — comme Mirebalais, Kenscoff, et certaines zones du Sud-Est — suscite de vives inquiétudes. Sans réponse concrète et rapide, le pays risque un effondrement économique encore profond.
Widberlin Senexant
Vant Bèf Info (VBI)