Noël sous tension : entre célébrations discrètes et insécurité oppressante

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Le 24 décembre 2024 restera gravé dans les mémoires en Haïti, mais pas pour les raisons habituelles. Noël, traditionnellement synonyme de joie et de partage, a cette année pris une allure morose pour une grande partie de la population. L’insécurité galopante, marquée par des attaques de gangs et des kidnappings, a poussé de nombreuses familles à se replier chez elles dans une peur constante.

Port-au-Prince, mercredi 25 décembre 2024

Dans des quartiers comme Carrefour-Feuilles ou le Champs-de-Mars, l’ambiance était presque inexistante. Les rues habituellement animées à la veille de Noël sont restées désertes, vidées par la crainte d’éventuels affrontements ou actes de violence.

Cependant, tout Port-au-Prince n’a pas sombré dans le silence. À Pétion-Ville et dans les hauteurs de Delmas, l’atmosphère était tout autre. Ces zones plus sécurisées ont vibré sous le rythme des festivités. Des restaurants pleins à craquer, des soirées privées et des rues illuminées témoignaient d’un contraste saisissant. À Turgeau malgré la tension ambiante, un hôtel a osé organiser une soirée jusqu’à 20 h, tandis qu’un supermarché est resté ouvert jusqu’à 23 h, sous la protection visible d’un véhicule blindé.

Cette dichotomie entre quartiers illustre avec force les profondes inégalités qui fracturent la société haïtienne. Tandis que certains continuent de célébrer, d’autres survivent, barricadés dans leurs maisons redoutant chaque bruit suspect. Cette fracture sociale ne fait que se creuser alimentée par l’insécurité et un sentiment d’abandon.

À cette insécurité généralisée s’ajoute une tragédie nationale : la réouverture de l’Hôpital Universitaire d’État d’Haïti prévue pour marquer une lueur d’espoir, a tourné au cauchemar. Une attaque armée sur le site a coûté la vie à deux journalistes et à un policier, un rappel brutal des dangers omniprésents qui guettent même les institutions publiques.

Face à cette situation, les citoyens s’interrogent : où en sont les autorités dans leur mission de rétablir l’ordre et la sécurité ? Les promesses d’amélioration semblent s’éloigner, laissant place à un désespoir grandissant.

Pour l’instant, Noël, symbole d’espoir et de renaissance, a pris en Haïti une dimension plus sombre. Et tandis que les Haïtiens avancent, jour après jour, dans une incertitude pesante, ils gardent malgré tout l’espoir d’un avenir où la peur ne dictera plus leur quotidien.

Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)

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