Moïse Jean-Charles : entre audace et calcul politique

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Après plusieurs mois de silence, le leader de Pitit Dessalines, Moïse Jean-Charles, a marqué son retour en grande pompe à l’occasion de la célébration du jour des Aïeux. Devant une foule de partisans réunis dans son bastion politique du Nord-Est, il a saisi l’opportunité pour dénoncer avec virulence le gouvernement en place et affirmer son opposition à toute transition politique imposée de l’extérieur.

Trou-du-Nord, jeudi 2 janvier 2025

Nous donnerons Bwa Kale à tous ceux qui voudraient imposer une transition par eux-mêmes , a-t-il lancé sous les acclamations de ses fidèles. Moïse Jean-Charles n’a pas mâché ses mots contre l’administration actuelle dirigée par Alix Didier Fils-Aimé, soulignant sa détermination à se poser en défenseur du peuple face à une élite politique qu’il juge déconnectée des réalités du pays.

Un rôle clé revendiqué dans la transition politique

Au cours de son discours, l’ancien sénateur a rappelé qu’il se considère comme l’un des principaux architectes de la transition politique en cours, une transition qu’il attribue aux soulèvements populaires qu’il a conduits contre le gouvernement de l’ex-Premier ministre Ariel Henry. C’est moi qui ai accouché cette transition , a-t-il affirmé, revendiquant son rôle central dans les bouleversements politiques du pays, depuis l’administration de Jovenel Moïse jusqu’à aujourd’hui.

Cependant, son positionnement politique ne se limite pas à ses critiques acerbes du régime en place. Moïse Jean-Charles a également pris la défense des trois Conseillers présidentiels accusés de corruption dans le scandale de la Banque Nationale de Crédit (BNC), selon un rapport de l’ULCC. Nous restons solidaires de ces Conseillers, malgré les accusations , a-t-il déclaré, insistant sur l’importance de la loyauté et de la solidarité au sein de son mouvement.

Entre populisme et stratégie

L’approche de Moïse Jean-Charles semble osciller entre deux registres : d’une part l’audace populiste qui le pousse à se présenter comme le porte-voix des masses contre une élite défaillante ; d’autre part un calcul politique visant à consolider son influence en soutenant des figures controversées du Conseil présidentiel de transition.

Ce double jeu pourrait renforcer sa position sur l’échiquier politique, lui permettant de séduire un électorat avide de changement tout en maintenant des alliances stratégiques. Mais cette posture n’est pas sans risques, notamment face à la complexité des alliances politiques en Haïti souvent marquées par des intérêts divergents et des rebondissements inattendus.

Une alternative en construction

En multipliant les gestes symboliques comme son retour triomphal à Trou-du-Nord Moïse Jean-Charles tente de se repositionner comme une alternative crédible à l’instabilité gouvernementale actuelle. Il s’appuie sur un discours à la fois revendicatif et rassembleur, misant sur son image de leader proche des préoccupations populaires.

Toutefois, sa capacité à traduire cette stratégie en actions concrètes reste une interrogation majeure. Alors que la crise humanitaire et sécuritaire s’aggrave, le leader de Pitit Dessalines devra convaincre au-delà de son bastion traditionnel pour prétendre au rôle qu’il convoite visiblement : celui de faiseur de roi, voire de chef d’État dans une Haïti en quête de solutions durables.

Judelor Louis Charles

VANT BÈF INFO (VBI)

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