Migrants haïtiens aux États-Unis : entre espoir, peur et retour forcé

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À la suite de la récente décision de la Cour suprême des États-Unis autorisant la déportation de plus de 500 000 bénéficiaires du programme « Humanitarian Parole », de nombreux migrants haïtiens se retrouvent face à un dilemme déchirant : retourner en Haïti ou tenter de survivre dans l’illégalité, avec tous les risques que cela implique.

Un retour volontaire, teinté d’amertume

Port-au-Prince, 4 juin 2025 — Originaire de Jérémie, Anderson Duvert a choisi de rentrer en Haïti après l’expiration de son autorisation temporaire de séjour. « Trump m’a donné une autorisation de 22 jours, mais cela fait déjà plus d’un mois que je suis là. Comme j’avais un plan B, j’ai préféré revenir. Je n’ai plus de stress lié à l’immigration, ni de problèmes de santé. Je me sens bien ici », a-t-il écrit sur son compte Facebook officiel.

Malgré la sérénité affichée, son témoignage traduit une nostalgie persistante de la vie aux États-Unis. Anderson espère y retourner un jour, mais cette fois-ci en compagnie de sa famille.

L’angoisse de ceux qui restent

Pour d’autres, comme Ronalson Duclasse, photographe installé aux États-Unis grâce au programme Biden, l’avenir reste incertain. Sa carte de travail expirée l’empêche d’accéder à un emploi légal, et la peur d’être expulsé pèse lourdement sur son quotidien. « Je ne veux pas retourner en Haïti, je préfère aller au Brésil, au Chili ou au Mexique. La situation sécuritaire d’Haïti me fait peur », confie-t-il à Vant Bèf Info.

Ronalson n’est pas seul. Beaucoup de migrants haïtiens préfèrent garder le silence, dans l’attente d’un éventuel changement favorable de la politique migratoire. En attendant, ils vivent dans l’ombre, entre incertitude administrative et peur constante des descentes migratoires.

Une détresse psychologique silencieuse

Derrière ces choix difficiles se cache un fardeau mental souvent ignoré. Le Dr Élisabeth Saint-Natus, spécialiste en santé mentale, tire la sonnette d’alarme : « Le stress migratoire chronique peut provoquer des troubles anxieux, des dépressions et, dans certains cas, un état de stress post-traumatique. »

Selon elle, même les migrants qui rentrent volontairement peuvent ressentir un soulagement initial, suivi de nouvelles épreuves liées à la réinsertion. « Beaucoup reviennent avec le cœur brisé et des rêves inachevés. Il est crucial de mettre en place des dispositifs d’accompagnement psychologique », souligne-t-elle.

Les parcours d’Anderson Duvert et de Ronalson Duclasse illustrent la fragilité du rêve américain pour des milliers d’Haïtiens. Entre espoirs brisés, décisions déchirantes et avenir incertain, leur histoire pose une question plus large : quels choix restent-ils à ceux que les politiques migratoires laissent à la marge ?

Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)

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