Massacre oublié à Pont-Sondé : entre lutte de pouvoir et silence de l’État à Port-au-Prince
Getting your Trinity Audio player ready...
|
Le massacre qui a frappé Pont-Sondé dans la nuit du 2 au 3 octobre 2024, ayant causé plus de 100 morts, continue de hanter la région. Alors que le bilan s’élève désormais à 115 victimes, la réponse des autorités reste limitée, en grande partie éclipsée par la lutte interne pour le pouvoir qui déchire l’État haïtien. Pendant ce temps, les habitants déplacés attendent toujours de pouvoir rentrer chez eux en toute sécurité.
Saint-Marc, 16 octobre 2024 – Environ deux semaines après la tragédie de Pont-Sondé, la situation demeure précaire. Les gangs continuent de régner en maîtres dans la région, malgré le déploiement renforcé des forces de l’ordre. Des dizaines de véhicules blindés et des unités spécialisées de la Police nationale d’Haïti (PNH) tentent de reprendre le contrôle, mais les criminels, notamment le gang de Savien, ripostent par des enlèvements, utilisant des otages comme boucliers humains. Les habitants, contraints de fuir leurs maisons espèrent un retour à la normale qui tarde à venir.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 6 200 personnes ont été déplacées suite à l’attaque, se réfugiant dans des centres d’hébergement d’urgence à Saint-Marc, dont des écoles et des places publiques. La vie quotidienne est en suspens : les écoles sont fermées, les déplacements sont dangereux, et l’économie locale est paralysée.
L’indifférence des autorités face à la violence
Le massacre de Pont-Sondé s’inscrit dans la stratégie des gangs pour étendre leur contrôle sur la région, en y installant des postes de péage et en terrorisant la population. Bien que des alertes aient été lancées sur les réseaux sociaux avant l’attaque, les autorités locales n’ont pas su anticiper ni prévenir le massacre.
Les forces de l’ordre mènent actuellement des opérations pour neutraliser les gangs de la zone, en particulier le groupe de Savien, qui serait le principal responsable de l’attaque. Toutefois, les résultats ne pas sont satisfaisants : seulement six arrestations et quelques otages libérés. La population reste désemparée face à l’insuffisance des mesures prises pour rétablir la sécurité.
Malgré la distribution de kits d’urgence aux déplacés et quelques évacuations aériennes, les habitants craignent que Pont-Sondé ne soit abandonnée aux mains des gangs, comme d’autres localités. Cette inaction répétée des autorités face à l’insécurité pousse les défenseurs des droits humains à dénoncer un manque de volonté pour enrayer la violence qui ravage le pays.
Une insécurité croissante
Les attaques des gangs ne se limitent pas à Pont-Sondé. Quelques jours après le massacre, des tentatives d’invasion ont été signalées dans les localités voisines, notamment à Grasèt. Le 10 octobre, dans la commune de l’Arcahaie, de nouvelles violences ont éclaté, causant des morts, des blessés, et forçant plus de 4 000 personnes à fuir leurs foyers, selon l’OIM.
Pendant que les habitants de Pont-Sondé tentent de survivre et espèrent pouvoir regagner leurs foyers, à Port-au-Prince, la lutte pour le contrôle du pouvoir monopolise l’attention des dirigeants. La présidence et la primature ne s’hamonisent, reléguant les urgences sécuritaires au second plan.
Les opérations policières annoncées peinent à rassurer une population traumatisée, qui attend des actions concrètes pour restaurer la paix et la sécurité dans l’Artibonite. Toutefois, la région reste livrée à la violence des gangs. L’avenir de Pont-Sondé demeure incertain.
Wideberlin SENEXANT
Vant Bèf Info (VBI)