l’OPC dénonce l’inaction de l’État face à la crise des déplacés internes

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Plus de 1,2 million de personnes ont été contraintes de fuir leurs domiciles en raison de la violence armée qui gangrène la capitale haïtienne. Réfugiées dans 104 sites improvisés de la région métropolitaine de Port-au-Prince, ces personnes déplacées vivent dans des conditions précaires, largement ignorées par les autorités. C’est ce que révèle une enquête alarmante de l’Office de la Protection du Citoyen (OPC), qui déplore l’absence de réponse étatique face à cette crise humanitaire.

Port-au-Prince, 20 avril 2025 – L’étude de l’OPC porte sur 16 camps hébergeant quelque 49 000 déplacés. Parmi eux : le Lycée Marie Jeanne, l’École nationale Colbert Lochard, les locaux du Ministère de la Communication, ou encore ceux de la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA). Ces bâtiments publics, détournés de leur usage initial, accueillent des familles entassées dans des couloirs, sur des toits ou à même le sol, souvent sans accès à l’eau potable, à des installations sanitaires adéquates ou à des soins de santé.

Des chiffres alarmants, une réponse absente

Au siège même de l’OPC, 6 600 personnes sont recensées. Le Lycée Marie Jeanne en accueille 6 371, tandis que le Lycée des Jeunes Filles abrite 5 385 déplacés. Ces conditions précaires favorisent l’apparition de maladies telles que la gale, le choléra ou des infections respiratoires et digestives, selon le rapport.

L’OPC rappelle que, selon les principes directeurs des Nations unies relatifs aux déplacés internes, ces populations ont droit à une protection, à un niveau de vie décent, et à une aide humanitaire adéquate. Pourtant, aucun plan structuré de l’État haïtien ne semble exister pour sécuriser les zones d’origine ni pour organiser un retour encadré et digne.

Une vulnérabilité extrême

La vulnérabilité des déplacés touche particulièrement les femmes enceintes, souvent contraintes d’accoucher dans des conditions insalubres, les enfants déscolarisés dont les écoles ont été transformées en abris, ainsi que les personnes âgées ou handicapées. L’OPC alerte également sur la prostitution de survie à laquelle sont contraintes certaines femmes pour subvenir aux besoins de leurs familles.

L’absence de documents d’identité complique l’accès aux services essentiels. Si les ONG et agences humanitaires interviennent, leurs efforts sont freinés par un manque de coordination et une vision stratégique insuffisante. Pendant ce temps, l’État reste silencieux et inactif.

Un appel à la responsabilité

Pour l’OPC, les camps ne peuvent constituer qu’une solution d’urgence temporaire. La réponse durable passe par la sécurisation des zones touchées, la reconstruction des communautés et la réinsertion des déplacés. « Les déplacés internes haïtiens ne réclament pas l’aumône, mais la reconnaissance de leurs droits et la présence effective d’un État protecteur », insiste le rapport.

Ignorer cette crise reviendrait à accepter l’effritement du pacte social haïtien. L’OPC appelle à une action urgente, coordonnée et humaine. Le temps presse.

Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)

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