L’ONU fait du surplace,  et Haïti trépasse

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Le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) a débattu, ce 22 janvier 2025, sur la possibilité de transformer la Mission multinationale de Soutien à la sécurité (MMSS) en une mission de paix onusienne. Cette transition, jugée capitale par le ministre haïtien le des Affaires étrangères, Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, vise à renforcer les capacités de la mission et à répondre aux défis sécuritaires et humanitaires croissants. Toutefois, des divergences subsistent entre les membres du Conseil sur la meilleure approche.

New-York, le 22 janvier 2025.-

Un pays sous le joug des gangs

En 2024, la violence des gangs armés a causé 5 600 morts en Haïti. Ces chiffres alarmants ont été rappelés par plusieurs délégations. María Isabel Salvador, Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti et cheffe du Bureau intégré des Nations inies en Haïti (BINUH), a décrit une situation dramatique. 

« Les défis que doit relever la Police nationale d’Haïti (PNH), appuyée par la MMSS, demeurent immenses », a-t-elle précisé.

Ghada Fathi Waly, directrice exécutive de l’Office des Nations unies contre la drogue le crime (ONUDC), a renforcé cette image sombre. Elle a dénoncé des massacres spectaculaires, comme celui de l’Artibonite en octobre et de Wharf Jérémie en décembre 2024. 

« Ces massacres montrent l’escalade des tactiques brutales des gangs », a-t-elle ajouté.

Elle a aussi alerté sur l’afflux d’armes malgré l’embargo. Madame Waly a demandé un contrôle accru des flux entre Haïti, la République dominicaine et les Bahamas.

Une position ferme du ministre haïtien

Le ministre haïtien des Affaires étrangères, Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, a plaidé pour transformer la MMSS en mission de maintien de la paix. Il a expliqué que la mission actuelle est gravement sous-financée et sous-équipée, notamment en termes de support aérien. 

« Ces limitations entravent sa capacité opérationnelle à répondre efficacement aux défis sécuritaires », a-t-il déclaré. 

Il a insisté sur l’urgence d’un mandat clair et de ressources renforcées. Cette transition, selon lui, est une exigence stratégique pour restaurer la sécurité et la confiance en l’État haïtien.

Une transition politique et des défis persistants

Sur le plan politique, des progrès ont été notés. La nomination d’Alix Didier Fils-Aimé comme Premier ministre, en novembre 2024, a permis des avancées. Cette nomination a été renforcé la collaboration entre le gouvernement et le Conseil présidentiel de transition.

« Cette coopération a permis de faire avancer des dossiers clefs en matière de gouvernance » a affirmé María Isabel Salvador.

Cependant, la transition reste fragile. Le Suriname, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a décrit la MMSS comme sous-équipée, sous-financée et sous-armée. Plusieurs délégations estiment qu’une transformation est nécessaire pour que la mission atteigne ses objectifs.

Une communauté internationale divisée

Plusieurs pays soutiennent la transformation de la MMSS en mission de paix. La France, les États-Unis, le Kenya et la République dominicaine y voient une étape nécessaire.

Le moment est venu pour l’ONU d’assumer un rôle direct et efficace », a déclaré le ministre dominicain des Affaires étrangères.

Cependant, la Russie et la Chine se montrent réservées. La Russie estime que la MMSS doit être pleinement opérationnelle avant d’envisager une transition. La Chine, de son côté, critique l’ingérence américaine et considère les États-Unis responsables de la crise actuelle en Haïti.

Une décision attendue

« Le peuple haïtien ne peut plus attendre », a insisté le ministre haïtien. Il a exhorté la communauté internationale à agir rapidement pour rétablir la paix et la sécurité. Cette décision selon lui, marquera un tournant crucial dans la lutte contre les violences qui paralysent Haïti.

Belly-Dave Bélizaire 

Vant Bèf Info (VBI)