l’importance vitale de la lecture pour nos enfants en temps de crise

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Quand les écoles ferment, que les rues grondent et que l’avenir s’obscurcit, que reste-t-il à un enfant pour apprendre, rêver, résister ? Un livre. Oui, un simple livre peut devenir un bouclier contre la peur, une fenêtre vers l’espoir, un outil de survie intellectuelle. En Haïti, où les crises se succèdent et l’éducation vacille, lire n’est plus un luxe — c’est un acte de résistance. Lire, c’est continuer à apprendre quand tout s’arrête. Lire, c’est se reconstruire quand le monde s’effondre. Lire, c’est préparer nos enfants à penser, à comprendre et à transformer ce pays qui leur appartient.

Continuité pédagogique : maintenir l’apprentissage malgré les perturbations

La fermeture récurrente des écoles, causée par l’insécurité et les crises politiques, interrompt brutalement le parcours éducatif de milliers d’enfants. Dans ce contexte, la lecture devient un outil essentiel : elle maintient l’attention, renforce les acquis scolaires et encourage l’apprentissage autonome.

En Haïti, où le système éducatif est fragilisé par les grèves, les fermetures prolongées et le manque de ressources, la lecture se révèle un puissant moyen d’autoformation. Contrairement aux écrans saturés d’images violentes, un livre stimule la concentration, enrichit le vocabulaire et structure la pensée (sans exclure les livres numériques).

Au Liban, durant la crise économique de 2019 à 2023, des enseignants ont lancé des clubs de lecture mobiles pour contourner les coupures d’électricité et les obstacles scolaires. Résultat : des progrès significatifs en littérature chez les élèves malgré le chaos (Banque Mondiale, 2021).

Par ailleurs, selon une étude de l’Institut de la statistique du Québec, les enfants exposés à la lecture dès le plus jeune âge obtiennent de meilleurs résultats scolaires à long terme, notamment en mathématiques et en français (ISQ, 2013).

Soutien psychosocial : la lecture comme refuge émotionnel

La crise engendre anxiété, peur et désespoir chez les jeunes. La lecture agit comme une thérapie par les mots, aidant les enfants à s’évader, comprendre leurs émotions et développer l’empathie.

Une étude de l’Université de Sussex (2009) révèle que six minutes de lecture suffisent à réduire le stress de 68 %, plus efficacement que la musique ou la marche. Dans le contexte haïtien, où les traumatismes sont fréquents, offrir un livre revient à offrir un moment de répit mental.

Mais au-delà du soulagement personnel, la lecture tisse du lien social. Quand les structures s’effondrent, elle forme des communautés de sens. Cercles de lecture, ateliers de contes, bibliothèques de rue : autant d’espaces où les enfants se rassemblent autour d’une activité positive, loin de la rue ou des gangs.

Un exemple inspirant : en Afrique du Sud, après l’apartheid, le projet Nal’ibali a utilisé la lecture pour reconstruire le tissu social, en incitant les parents à lire avec leurs enfants, renforçant ainsi les liens familiaux (UNICEF, 2015).

Développement de l’esprit critique : former des citoyens éclairés

La lecture ne se résume pas à un loisir : elle forge l’autonomie intellectuelle. Elle aiguise l’analyse, développe le jugement et aide les jeunes à questionner leur réalité. Elle renforce aussi la concentration, l’écoute et l’indépendance, des compétences indispensables pour décoder les discours politiques, résister à la désinformation et participer à la vie civique.

Dans une société haïtienne saturée de rumeurs et d’instabilité, former des enfants lecteurs, c’est préparer des adultes critiques, responsables, aptes à contribuer à la reconstruction nationale.

Lutte contre l’obscurantisme : la lecture comme rempart contre l’ignorance

L’ignorance est l’alliée naturelle de l’oppression. Dans les quartiers populaires où l’accès à l’éducation est restreint, la lecture devient une arme contre l’oubli, la résignation et l’exploitation.

L’UNESCO souligne que, dans les situations d’urgence, l’accès à la lecture renforce la résilience communautaire et la cohésion sociale (UNESCO, 2019). Lire, c’est ouvrir ses horizons, penser autrement, rêver d’un avenir différent.

La lecture rend libre. Elle donne accès au savoir universel et fait entendre d’autres voix que celles des armes, de la peur ou du silence imposé. Notre YouTuber Wilky Toussaint en est une preuve vivante.

Comment agir en Haïti : pistes de solutions adaptées

Il ne suffit pas de proclamer l’importance de la lecture — il faut la rendre accessible. Voici quelques propositions concrètes, adaptées à notre réalité :

Bibliothèques mobiles : Inspirées des biblioburros colombiens, des bibliothèques itinérantes à dos d’âne ou en moto peuvent desservir les zones reculées ou les abris temporaires.

Formation des enseignants : Développer des modules de lecture interactive pour capter l’attention des élèves et animer des séances même en période de crise.

Activisme culturel local : Encourager les initiatives communautaires comme les clubs de lecture de quartier, les ateliers de contes ou les salons de lecture en plein air, comme autant d’îlots de résistance intellectuelle.

Investir dans la lecture pour un avenir meilleur

La lecture est une arme douce mais puissante. En Haïti, elle peut panser les blessures invisibles, maintenir la flamme du savoir et semer les graines d’une société plus libre, plus juste, plus humaine.

Soutenir la lecture, c’est soutenir la paix. C’est former une génération qui résiste, non par la violence, mais par l’intelligence, la mémoire et la parole. C’est un devoir collectif — et une urgence nationale.

En ces temps de crise dans notre chère Haïti, il est plus que jamais crucial de poursuivre le combat pour la lecture, comme le faisait jadis notre « Gardien du livre », le professeur Marc Exavier. Apprenons à nos jeunes à faire de la lecture leur « jeu favori ».

Manouchecar Massenat
Éducatrice
Vant Bèf Info (VBI)

Un commentaire

  • Didier Espérance

    Aprann timoun yo li depi tou piti, aprann yo enpotans yon liv , montre yo enpotans lekti paske gen moun ki swadizan fe inivèsite ki pa konn li poutan nan inivèsite nan lane preparatwa , yo aprann diferan kalite lekti : dyagonal, tradisyonèl , selektif elatriye . Gen bagay si yo pa aprann timoun yo depi piti se pa lè yo gran yo pral aprann yo , petèt yo ka amelyore men bon jamè epi nan ti klas yo mete moun ki konn li devan timoun yo , souvan menm pwofesè yo konn pa konn li alewè pou elèv yo epi Ayiti se sel peyi depi moun nan *fè 2 jou kay koyo* li direktè oubyen li pwofesè ki rann timoun yo medyok depi piti. Gen moun siw palel de yon vant siyati moun ki te pase lekol wi jan lap reponn ou wap wont pou li , se moun sa yo ki tou prèt pou chire liv al nan twalèt san pwoblem… Ou pa wè jan bibliyotèk kraze Ayiti , Google pa ka ranplase bibliyotèk paske gen bagay yo pap janm mete sou entènet se nan liv pou jwenn yo . Anpil moun pito chita ap fe epav sou entènet chèche vye tenten pou yo gade e kòmante , oubyen chita bò lari ap radote , fè tripotay, bouyi zen men yo yo pap janm kenbe yon liv nan men yo alewè si yo gen pitit pou yo ta ankouraje pitit yo li , ou pa wè ki sosyete nou genyen tou …😏😏😏 ????

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