Les Haïtiens paient le prix des dysfonctionnements téléphoniques en Haïti

Getting your Trinity Audio player ready...

Les compagnies de téléphonie mobile en Haïti continuent de facturer des services, même lorsque les réseaux tombent en panne. Les consommateurs, déjà affectés par l’augmentation des tarifs, subissent les conséquences de ces interruptions sans pouvoir réclamer de compensations.

Port-au-Prince, le 14 septembre 2024 – Depuis plusieurs mois, les utilisateurs des services de téléphonie mobile en Haïti font face à des dysfonctionnements récurrents, notamment une connectivité intermittente et des coupures d’internet. Malgré ces interruptions, les forfaits prépayés des clients continuent d’être consommés, sans que les compagnies ne fournissent d’explications claires ou de solutions.

Une hausse des tarifs qui pèse lourd

Pour de nombreux consommateurs, la téléphonie mobile n’est pas seulement un outil de communication, mais un moyen essentiel d’accéder à l’éducation, à l’information, et au travail. Or, avec l’augmentation constante des prix des plans téléphoniques, ces services deviennent de plus en plus inaccessibles pour les familles aux revenus modestes. « J’ai accepté l’inacceptable, car à qui vais-je me plaindre ? » confie un jeune étudiant, frustré par l’absence de service depuis plusieurs heures. Selon lui, l’État devrait jouer un rôle de régulateur face à ce qu’il qualifie de pratiques abusives.

Des justifications peu convaincantes

Les opérateurs, Digicel et Natcom, avancent des raisons telles que l’insécurité qui complique la maintenance des antennes, pour justifier les hausses de prix et les interruptions de service. Toutefois, les consommateurs peinent à voir des améliorations tangibles dans la qualité des services offerts. « J’achète un plan, mais le réseau tombe en panne et le forfait expire sans que je puisse l’utiliser. C’est inadmissible ! » s’indigne Vanessa Milord, commerçante à Port-au-Prince.

Un marché sans véritable concurrence

Avec seulement deux grandes compagnies opérant sur le marché haïtien, les consommateurs n’ont pratiquement aucun choix. « Si une autre compagnie était présente, elles seraient forcées d’offrir un meilleur service », explique Makenley Louis, un promoteur culturel. Cette absence de concurrence accentue la frustration des clients, qui se sentent prisonniers de ces pratiques commerciales.

Un samedi noir avec Digicel

Le samedi 14 septembre a été particulièrement difficile pour les abonnés de Digicel. Dès 7h du matin, le réseau a complètement cessé de fonctionner, laissant les utilisateurs sans accès à leurs services. Le service Mon Cash a été suspendu, ne revenant en ligne qu’à 11h. Pendant plusieurs heures, les forfaits internet étaient inutilisables, sans espoir de remboursement.

Ces pannes régulières touchent de plein fouet les populations les plus vulnérables, notamment les familles à faible revenu et les résidents des zones rurales, aggravant les inégalités d’accès à l’information et aux services essentiels.

Aucune régulation en vue

Face à cette situation, les autorités haïtiennes semblent impuissantes. Le manque de régulation dans le secteur des télécommunications laisse le champ libre aux opérateurs pour imposer des hausses de tarifs injustifiées. Quant aux consommateurs, la résignation semble être de mise. « Nous sommes habitués, mais cela ne veut pas dire que c’est normal », conclut un client mécontent.

Si les compagnies de téléphonie doivent assurer la viabilité de leurs infrastructures, elles se doivent également d’offrir des services à la hauteur des tarifs imposés, dans un esprit de justice et de transparence.

Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)