Les activités festives haïtiennes en voie de disparition

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L’insécurité qui ravage Haïti depuis des années frappe désormais de plein fouet le domaine culturel. Les artistes, créateurs et organisateurs d’événements se voient contraints de déplacer leurs activités à l’étranger. Ce phénomène, accéléré par la montée en puissance des gangs armés et l’instabilité politique, pose de sérieuses questions sur l’avenir de la culture haïtienne.

AyiboPost

Port-au-Prince, le 20 septembre 2024 – Les gangs armés, qui contrôlent de larges portions du territoire, surtout dans la capitale, imposent une atmosphère de terreur. Enlèvements, extorsions et violences quotidiennes rendent l’organisation d’événements publics quasiment impossible. « Autrefois, j’attendais les vacances pour me défouler, ce n’est plus le cas maintenant », déplore Getro Sanon, un habitant de Pacot. « Plus de Haitian Bing Bang, Ti Sourit, Atè Plat. Tout a été remplacé par les tirs nourris », ajoute-t-il, exprimant le sentiment général d’impuissance.

Cette violence a forcé la fermeture de nombreux espaces culturels, comme le Centre Culturel Caraïbes, et a provoqué l’annulation ou le report de grandes manifestations comme le Carnaval ou le rara. Les rues, autrefois vibrantes de musique et de festivités, sont désormais désertées par crainte d’infiltrations et d’affrontements.

L’exil des artistes et organisateurs

Face à ce climat d’insécurité, de plus en plus d’artistes haïtiens cherchent refuge à l’étranger. Des événements majeurs, autrefois organisés en Haïti, se tiennent désormais aux États-Unis ou en République dominicaine, où les communautés haïtiennes accueillent ces initiatives avec enthousiasme. Des festivals de théâtre et des concerts phares se déplacent, loin des violences qui paralysent le pays.

Si cette tendance permet une plus grande diffusion de la culture haïtienne à l’international, elle crée une fracture au sein du pays. Une large part de la population, qui ne peut suivre cet exode culturel, se retrouve privée d’un accès direct à ses traditions.

Les défis pour la préservation de la culture haïtienne

Cette délocalisation pose la question de la préservation de l’identité culturelle sur le sol haïtien. La culture, profondément enracinée dans l’histoire et les traditions du pays, pourrait se voir fragilisée si la situation ne s’améliore pas. Les jeunes générations risquent de perdre le lien avec leur patrimoine.

Bien que l’exil des activités culturelles reflète la résilience des artistes, le retour à une vie culturelle florissante en Haïti dépendra d’une stabilisation politique et sécuritaire. Seule une telle stabilisation permettra aux artistes de recréer et de partager leur art sur leur terre natale.

Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)

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