L’emprise grandissante des gangs paralyse la circulation à Port-au-Prince
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Le boulevard Jean-Jacques Dessalines jadis artère principale de la capitale haïtienne est désormais impraticable. L’extension du contrôle des gangs armés notamment le groupe « VIV Ansanm », sur des zones stratégiques de Port-au-Prince bouleverse non seulement le quotidien des résidents mais aussi la circulation dans la ville. Des quartiers comme Solino, Delmas 24 et Delmas 30 sont tombés sous leur emprise après une attaque de grande ampleur en novembre dernier.
Port-au-Prince, lundi 9 décembre 2024
Les habitants, contraints de fuir ces zones devenues invivables, se réfugient dans des secteurs jugés plus sûrs, amplifiant les défis sécuritaires et de mobilité pour les autorités.
Des routes secondaires saturées
Avec l’insécurité croissante sur les principaux axes routiers, les automobilistes et les transports en commun doivent se rabattre sur des itinéraires secondaires. Cependant, ces routes alternatives comme Delmas 40B, Delmas 60 ou encore Musseau près de la Primature – sont rapidement saturées. Les embouteillages y atteignent des proportions inédites, transformant chaque déplacement en un calvaire.
Dans la commune de Delmas, par exemple la circulation est devenue un cauchemar Les véhicules venant de Croix-des-Bouquets et Tabarre, évitant la route de l’aéroport par crainte des attaques, se retrouvent immobilisés dans des embouteillages monstres. Certains chauffeurs, notamment ceux de taxi- motos et de tap-tap
réduisent leurs trajets pour économiser du carburant, faute de pouvoir avancer dans ces longues files d’attente.
Témoignages de frustration
Sur le terrain, les usagers dénoncent un enlisement quotidien. Passer 45 minutes ou plus bloqué dans un bouchon est devenu la norme. Cela affecte non seulement notre emploi du temps, mais aussi notre moral témoigne un chauffeur de tap-tap à Delmas 33.
À Musseau et Delmas 40B, des blocages de plusieurs heures aggravent la tension parmi les usagers. Certains évoquent même une immobilité totale », où aucune voiture ne peut avancer ou reculer pendant près d’une heure. Ces conditions de circulation intensifient la frustration des habitants, déjà éprouvés par la peur constante des attaques.
Une crise aux multiples facettes
L’impossibilité de circuler librement à Port-au-Prince illustre une crise profonde où la sécurité et la gestion des infrastructures urbaines sont intimement liées. Si ces infrastructures dégradées jouent un rôle c’est surtout la montée en puissance des gangs qui paralyse la ville. La peur de traverser certains quartiers et la nécessité de trouver des itinéraires alternatifs créent une pression insoutenable sur les routes encore praticables.
Cette situation interpelle. Les autorités doivent impérativement repenser la gestion de la mobilité urbaine et renforcer la sécurité pour redonner un semblant de normalité à la capitale. Sans des mesures d’urgence, Port-au-Prince risque de sombrer davantage dans une crise de mobilité et de sécurité aux conséquences dramatiques pour ses habitants.
Judelor Louis Charles
VANT BÈF INFO (VBI)