Le CPT réagit à la déportation massive des Haïtiens en République dominicaine

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Après plus d’une semaine de silence, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a fixé sa position suite aux déportations massives de migrants haïtiens de la République dominicaine. Le CPT dénonce des violations des droits des migrants et appelle au respect des engagements internationaux par les autorités dominicaines.

Port-au-Prince, 12 octobre 2024 – Le 3 octobre, le président dominicain Luis Abinader a lancé une vaste opération de rapatriements visant à expulser jusqu’à 10 000 Haïtiens chaque semaine, avec un objectif total de 500 000 personnes. Cette décision a provoqué une vague d’indignation en Haïti, bien que les autorités haïtiennes aient pris du temps pour réagir officiellement.

Le CPT, après plusieurs réunions internes, a finalement publié une déclaration ce samedi 12 octobre, soulignant les graves atteintes aux droits humains observées lors de ces expulsions.

Des violations flagrantes du protocole de rapatriements

Le CPT a dénoncé des irrégularités dans l’exécution des rapatriements, citant notamment des expulsions nocturnes en violation du Protocole d’accord sur les rapatriements de 1999, qui interdit ces opérations entre 18h00 et 8h00, ainsi que les jours fériés. Des expulsions illégales ont été signalées dans les régions frontalières de Belladère et de Quanaminthe, où près de 3 500 personnes ont été rapatriées dans des conditions préoccupantes durant la semaine du 6 octobre.

Des abus graves, tels que la confiscation de documents d’identité, des violences physiques, et l’expulsion de mineurs non accompagnés, ont également été signalés. De plus, les diplomates haïtiens se sont vus refuser l’accès aux centres de détention provisoire, ce qui constitue une violation des normes internationales.

Le rappel aux engagements internationaux

Le CPT a rappelé que la République dominicaine est signataire de plusieurs conventions internationales, notamment la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques (1961) et consulaires (1963), ainsi que la Convention relative aux droits de l’enfant (1989). Le non-respect de ces engagements est fermement dénoncé.

Mesures prises par le CPT

Sous la direction de Leslie Voltaire, le CPT a convoqué une réunion extraordinaire le 8 octobre pour évaluer la situation et planifier des actions. Plusieurs ministères, dont ceux des Affaires sociales, des Finances et de la Sécurité publique, ont été mobilisés pour coordonner la réponse face à la crise.

Deux jours plus tard, le CPT a rencontré le corps diplomatique en Haïti pour solliciter son soutien. Cependant, le représentant dominicain a décliné l’invitation.

Conséquences humanitaires alarmantes

La situation des rapatriés inquiète. Bon nombre d’entre eux, ayant vécu en République dominicaine pendant des années, se retrouvent sans ressources ni abris. Les autorités haïtiennes, confrontées à des défis logistiques et économiques, peinent à assurer un accueil décent aux rapatriés, exacerbant ainsi une crise humanitaire déjà grave.

Le CPT exhorte la communauté internationale à intervenir pour garantir le respect des accords bilatéraux et éviter une aggravation de la situation. En parallèle, il réitère son appel à un dialogue diplomatique afin de rétablir des relations harmonieuses entre Haïti et la République dominicaine.

Wideberlin Senexant
Vant Bèf Info (VBI)

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