L’assassinat de Jovenel Moïse serait-il motivé par l’argent ou la drogue ?

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Un suspect arrêté dans le cadre de l’affaire Jovenel Moïse a déclaré aux enquêteurs américains, qu’ils devaient récupérer entre 45 et 53 millions de dollars à l’intérieur de la résidence du Président. “Il s’agit d’un paiement venant des trafiquants de drogue qui utilisaient Haïti comme point d’expédition de cocaïne Colombienne, destinée aux USA”, a-t-il révélé. Dans un article publié ce mercredi, Miami Herald qui cite certains suspects emprisonnés, souligne que l’argent prétendument caché à la maison, a incité les Colombiens à exécuter le Chef de l’Etat haïtien. La mort de Jovenel Moïse, aurait-il un lien avec le trafic de drogue ?

Miami Florida, le 7 Décembre 2022.- C’est un article très long. Il revient sur les faits essentiels ayant marqué l’avant, le pendant et l’après du meurtre de Jovenel Moïse. Le texte est articulé sur 3 angles principaux : Argent, Drogue, Diplomatie. A travers ce travail, Miami Herald voulait montrer comment ces 3 éléments ont joué un rôle dans la mort de l’ancien patron d’Agritrans.

D’abord, l’argent
Selon l’article, après avoir reçu de nouveaux ordres, la mission des anciens soldats Colombiens était de trouver et tuer Jovenel Moïse, puis retrouver et saisir des sacs d’argent chez lui. Le montant censé se trouver à l’intérieur oscillait autour de 45 et 53millions de dollars, selon les déclarations que certains des suspects emprisonnés ont partagées avec des enquêteurs colombiens et américains.

“L’argent considérable prétendument caché à l’intérieur de la maison du président a peut-être donné une incitation supplémentaire aux mercenaires peu rémunérés et aux gardes présidentiels haïtiens, à mener à bien le complot, après avoir reçu l’ordre de le faire. Une source colombienne affirme à Miami Herald qu’il pense que les tueurs allaient chercher de l’argent uniquement.

Selon d’autres sources en Haïti et dans le sud de la Floride, il y avait une forte somme d’argent et d’autres objets de valeur volés à l’intérieur de la maison du Président à Pèlerin 5. Cependant, les sources ne pouvaient pas confirmer si l’argent était dans les dizaines de millions de dollars. Des réclamations concernant l’argent ont été faites non seulement par certains des 18 hommes armés colombiens emprisonnés à Port-au-Prince, mais aussi par au moins un des suspects.

Ce suspect a déclaré aux enquêteurs américains, qu’il avait été informé que l’argent à l’intérieur de la maison était un paiement pour le chef de l’Etat, de la part des trafiquants de drogue qui utilisaient son pays comme point d’expédition de cocaïne colombienne destinée aux États-Unis.

Comme les enquêteurs colombiens, les autorités américaines n’ont cependant montré aucun intérêt à poursuivre les allégations selon lesquelles l’argent – ou le meurtre du président- pourrait être interconnecté d’une manière ou d’une autre, par des trafiquants de drogue qui, des semaines avant l’assaut, débarquaient des avions sur l’une des trois voies d’atterrissage.

Mais l’idée que Jovenel Moïse, qui était au courant des pistes d’atterrissage et des cargaisons de drogue, aurait pu être tuée parce qu’il prévoyait de remettre une liste des principaux trafiquants de drogue aux autorités américaines, a également été rejetée par les enquêteurs comme étant fausses, selon plusieurs sources, lit-on dans cet article se Miami Herald.
Des soupçons sur le fait que le trafic de drogue a joué un rôle dans le meurtre du président ont été soulevés dans un rapport d’assassinat de la police nationale d’Haïti de 124 pages obtenu pour la première fois par le Miami Herald. Mais, comme les enquêteurs américains, la police haïtienne n’a poursuivi aucune piste liée aux stupéfiants.

Le rapport de la Police en Haïti cite deux Colombiens actuellement en prison, qui affirment qu’à un moment donné, ils étaient en possession des sacs, qui, selon la source colombienne, étaient plus tard en possession de Capador, l’un des chefs de l’opération. « À la fin de l’attaque, qui a coûté la vie au président de la République, les assaillants ont complètement saccagé la chambre du chef de l’État, volé des documents, de grandes quantités d’argent et divers objets, y compris le serveur de caméras de surveillance », avait déclaré le rapport de police d’Haïti.
Le rapport ne dit pas combien d’argent a été pris. La source colombienne a déclaré qu’il ne pouvait pas confirmer si le montant de 45 millions de dollars dont on a parlé aux enquêteurs colombiens était « vrai ou faux ». « C’est ce qu’ils ont affirmé et nous ne savons pas d’où vient cet argent », a déclaré la source.

Selon l’enquête Colombienne, Capador aurait décollé avec les sacs d’argent après le meurtre, mais il est mort dans un échange de coups de feu avec des policiers haïtiens.

L’ambassade de Taïwan a-t-il joué un rôle dans le meurtre de Jovenel Moise ?

Après l’argent et la drogue, vient la thèse liée au rôle qu’aurait joué une ambassade étrangère en Haïti. Des détails fournis par des sources proches de l’enquête Colombienne, expliquent avec plus de clarté comment près d’une douzaine de Colombiens se sont retrouvés à l’intérieur de l’ambassade de Taïwan après le meurtre du président avant d’être capturés par la police haïtienne.
Suite au meurtre de Moïse, les Colombiens ont élaboré un plan de fortune pour se réfugier dans l’ambassade de Taïwan. Le bâtiment est protégé par de hauts murs et située non loin de la maison du président.
Gilberto Lacayo, un avocat de Miami qui représente Intriago, responsable de la compagnie de sécurité CTU, a refusé de commenter le rôle présumé de son client dans la collaboration avec les Colombiens pour trouver refuge dans l’ambassade de Taïwan après le meurtre du Président. Mais selon des sources proches de l’enquête colombienne, Intriago était au téléphone avec l’un des chefs de l’opération, peu après l’attaque, demandant aux hommes de se cacher à l’ambassade. «Le capitaine leur a dit qu’il coordonne pour qu’ils aient un asile politique à l’ambassade de Taïwan, afin qu’ils soient protégés.

Les hommes se sont finalement frayés un chemin, a déclaré la source, en cassant les portes et fenêtres pour y accéder. Un responsable de l’ambassade de Taïwan, s’adressant à Miami Herald sous couvert d’anonymat en raison de l’enquête en cours, a déclaré que personne dans la mission n’avait eu de contact avec l’un des suspects du complot de meurtre, ni avant le 7 juillet. Le responsable a également déclaré que le personnel de l’ambassade était tout aussi surpris lorsque des hommes en équipement militaire avaient envahi l’espace.

Vers 6h du matin, les responsables de l’ambassade ont reçu un appel de la police nationale d’Haïti ce jeudi matin, le7 juillet, demandant la permission – ce qu’ils ont donnée sans hésitation. Les policiers ont pénétré le bâtiment et capturé les 11 Colombiens qui s’y cachaient pendant la nuit.

“Comment l’argent, la drogue et une ambassade étrangère ont joué un rôle dans le meurtre du président d’Haïti”, c’est le titre de cet article qui fait couler beaucoup d’encres et de salives. Pour une première catégorie d’Haïtiens, cet article est de la pure diversion et ne fait que plonger l’opinion dans la confusion. Pour une autre catégorie, ces informations confirment que Jovenel Moïse n’était pas un Saint et faisait affaire à des personnes douteuses. Un dernier groupe de personnes accorde peu d’intérêt à ces révélations et se montre perplexe quant à l’aboutissement du dossier. Pour ces haïtiens, la chose la plus importante, c’est d’identifier celui qui a donné l’ordre de tuer le Chef de l’Etat.

Luckson SAINT-VIL

Vant Bèf Info (VBI)