La Plateforme des Grenadiers dénonce un « sauvetage constitutionnel désespéré »

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Dans une note publiée le samedi 7 juin dernier, la Plateforme des Grenadiers, dirigée le Docteur Berg P. Hyacinthe, s’oppose fermement à ce qu’elle qualifie d’ »avant-projet anticonstitutionnel », qu’elle accuse d’être une tentative déguisée de sauvetage national. Cette structure politique met en cause un groupe de personnalités, notamment d’anciens conseillers et proches des ex-présidents René Préval et Michel Martelly, qu’elle soupçonne de vouloir imposer une nouvelle Constitution en violation des principes de celle de 1987.

Une réforme bâtie sur des bases contestées
Port-au-Prince, 10 juin 2025 — Au centre de la controverse, l’amendement constitutionnel de 2012, qualifié par la Plateforme de « tentative échouée », entachée d’irrégularités officiellement reconnues. L’arrêté du 13 mai 2012 et l’avis du 19 juin 2012, publiés dans Le Moniteur, sont cités comme preuves des « erreurs matérielles » ayant vicié le processus.
La Plateforme rappelle que l’article 282 de la Constitution de 1987 impose des conditions strictes aux modifications constitutionnelles, en particulier le respect des articles 5, 40 et 284-4, qu’elle estime avoir été bafoués en 2012. À ses yeux, ces irrégularités invalident toute tentative d’utiliser cet amendement comme base juridique.
Un appel au retour à la version originale
La Plateforme se réfère à l’article 296 de la Constitution pour affirmer que le retour à la version originelle de 1987 est juridiquement possible, sans passer par une réforme complexe. Selon elle, un simple arrêté gouvernemental suffirait à rétablir la légalité constitutionnelle, aujourd’hui mise à mal.
Des intérêts politiques en toile de fond
La note dénonce également des motivations politiques derrière ce qu’elle qualifie de « projet de refondation opportuniste ». Selon la Plateforme, le processus est orchestré par une « solidarité tribale » entre proches de Préval et Martelly, qui chercheraient à conserver leur influence politique sous couvert de réforme.
La participation de personnalités issues de la diaspora et des Universités Publiques en Région (UPR) est aussi critiquée, la Plateforme y voyant une tentative de légitimation d’un projet élaboré sans consultation réelle des forces vives de la nation, notamment les secteurs universitaires et populaires.
Une mise en garde contre toute manipulation
La note se termine par une mise en garde ferme : retrait immédiat des protagonistes politiques impliqués, reddition de comptes pour leurs actes passés, et rejet de toute tentative de manipulation du peuple haïtien par des textes falsifiés. La Plateforme appelle à une véritable reconstruction démocratique, sans les acteurs qui, selon elle, ont contribué à la crise actuelle.
Elle annonce par ailleurs la publication, le 12 juin 2025, d’une liste des anciens conseillers impliqués dans l’élaboration du projet, une divulgation qui pourrait raviver les tensions à un moment charnière du processus politique.
Pendant ce temps, le gouvernement poursuit l’organisation de rencontres stratégiques en vue du référendum constitutionnel et des prochaines élections, malgré le climat d’insécurité généralisée qui continue de paralyser une grande partie du pays.
Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)