Là où une balle perdue ne devrait jamais se trouver

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Les balles fusent dans ce pays comme des promesses vides. Elles traversent les rues, percent les murs et s’insinuent jusque dans nos rêves. Personne n’y échappe. Les bandits tirent pour imposer la peur. Les policiers tirent pour maintenir l’ordre, parfois par devoir, parfois par peur ou par frustration. Certains tirent même pour le plaisir, pour rien. Les civils, eux aussi, tirent — pour se défendre ou simplement parce que la violence est devenue la langue qu’ils comprennent le mieux. Tout le monde tire. Mais ce qui détruit le plus, ce ne sont pas les tirs ciblés. Ce sont les balles perdues.

Une balle perdue… C’est la mort qui frappe au hasard. C’est la fatalité qui s’invite là où elle ne devrait jamais entrer. Dans les bras d’une mère qui serre son enfant contre elle. Dans une salle de classe où résonnent les éclats de rires innocents. Dans un lit où un jeune garçon rêve encore de devenir médecin, ingénieur ou poète. Une balle perdue, c’est un couperet qui tombe sans procès, une sentence injuste qui arrache des vies qui peinaient déjà à se construire.

Lorsqu’une balle perdue termine sa course dans la tête d’un enfant, c’est l’humanité qui reçoit une décharge. Quand elle traverse le corps d’un innocent qui n’a rien demandé, c’est la société tout entière qui saigne. Chaque balle perdue, c’est une promesse volée, un futur assassiné. C’est une mère qui enterre son enfant, un père qui tombe à genoux devant une tombe fraîche, des familles brisées à jamais. Ce sont des larmes qui ne cessent de couler, des cœurs qui ne guériront jamais.

Les balles perdues volent nos vies, mais surtout, elles volent notre humanité. Elles nous rappellent chaque jour que la mort est omniprésente, qu’elle rôde dans chaque quartier, qu’elle guette à chaque coin de rue. Mais il y a des endroits où une balle perdue ne devrait jamais se trouver. Dans le corps d’un enfant qui n’a connu que des jeux et des rêves. Dans les veines d’un père de famille qui rentre du travail. Dans le cœur d’une femme qui espérait simplement voir demain.

Quand les balles perdues trouvent des cibles, nous perdons plus que des vies. Nous perdons des fragments de nous-mêmes, de notre dignité, de notre capacité à espérer un avenir meilleur. Et si nous continuons ainsi, bientôt, nous n’aurons plus rien à perdre. Juste des balles à tirer…

Deslande Aristilde
Vant Bef Info (VBI)

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