La crise sécuritaire en Haïti : un écran qui dissimule d’autres fléaux
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Alors que l’insécurité en Haïti s’intensifie et domine l’actualité, d’autres crises, tout aussi urgentes, continuent de tourmenter le quotidien des Haïtiens. L’accès à l’eau potable, les pénuries de carburant et la flambée des prix des produits de première nécessité sont des problématiques profondément enracinées, mais aujourd’hui largement occultées par l’omniprésence des gangs armés.
Port-au-Prince, dimanche 17 novembre 2024.
Une insécurité paralysante
L’insécurité, qui gangrène le pays, affecte directement les services essentiels. Les écoles restent fermées, les hôpitaux peinent à fonctionner, et les marchés des zones sous influence des gangs sont désertés. Cette situation plonge une grande partie de la population dans un état de survie, les privant non seulement de leur liberté de mouvement, mais également des services vitaux comme la santé et l’éducation.
L’eau potable : une crise oubliée
L’accès à l’eau potable devient un défi insurmontable. Les barricades érigées sur les axes routiers par des hommes armés perturbent l’approvisionnement, mettant en lumière une crise sanitaire silencieuse.
« J’ai contacté la compagnie à plusieurs reprises, mais on m’a répondu que la livraison est impossible pour le moment », déplore un habitant de Pacot.
Dans un autre quartier, des dizaines de résidents patientent devant une citerne. « En temps normal, le gallon coûte 125 gourdes, mais aujourd’hui, on nous demande 200 gourdes », explique Tania Germain, soulignant que cette flambée des prix est une conséquence directe de l’insécurité.
Le carburant : une ressource devenue rare et chère
La pénurie de carburant exacerbe davantage les tensions. Les files d’attente s’allongent devant les rares stations encore en activité, où les prix explosent.
« Je paie désormais 1 000 gourdes pour un gallon de carburant », confie un motard à proximité de la station de Turgeau. Cette crise affecte non seulement les transports, mais aussi les générateurs qui alimentent les entreprises et les institutions, rendant l’économie encore plus fragile.
La flambée des prix : un fardeau pour les foyers
Les produits de première nécessité, déjà hors de portée pour beaucoup, voient leurs prix continuer à grimper. « Avec des salaires si bas et des prix en constante augmentation, les familles ne peuvent plus suivre », déplore une mère de famille.
Les routes bloquées par les gangs compliquent les circuits d’approvisionnement, accentuant la pression sur une population déjà à bout de souffle.
Un pays à la croisée des chemins
La crise sécuritaire ne fait qu’aggraver ces problèmes structurels, créant un cercle vicieux où l’instabilité politique, les pénuries et la précarité s’alimentent mutuellement.
Haïti est aujourd’hui confronté à un choix crucial : rétablir un minimum de sécurité pour permettre une réponse coordonnée aux multiples crises, ou continuer à sombrer dans une spirale de misère.
Les jours à venir seront déterminants pour l’avenir du pays.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)