La Cité Militaire : un bastion des gangs en devenir ?

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Jadis paisible, la Cité Militaire, située dans la commune de Delmas, est désormais le théâtre d’une montée alarmante de l’insécurité. Depuis plusieurs semaines, la présence de gangs armés, notamment ceux de Simon Pelé, s’est intensifiée dans la zone, plongeant les habitants dans un état de peur constant. La situation s’aggrave de jour en jour, laissant les résidents dans l’incertitude d’une explosion de violence à tout moment.

Une zone sous tension

Port-au-Prince, 6 septembre 2024. – À la rue Paul Moral #38, une église autrefois fréquentée par des centaines de fidèles voit désormais sa congrégation se réduire de manière drastique. L’Église Baptiste de la Bible de la Cité Militaire, qui accueillait entre 150 et 200 croyants, ne compte plus qu’une cinquantaine de participants aux cultes. La peur est palpable. Lors de la dernière messe, conduite par le diacre Jean Pierre, les fidèles chantaient à peine, constamment sur le qui-vive, jetant des regards inquiets vers l’extérieur à chaque bruit.

Les cultes, désormais écourtés, sont qualifiés de « services spéciaux ». À 9 heures, bien plus tôt qu’à l’accoutumée, le prédicateur exhortait les croyants à garder foi en Dieu malgré l’insécurité grandissante, en invoquant l’exemple de l’apôtre Paul, persécuté et décapité pour l’Évangile. Selon lui, la solution réside dans une confiance absolue en Dieu pour traverser cette période de tourmente.

Des résidents sur le départ

Face à l’insécurité, de nombreuses familles envisagent de quitter la zone. « Il me reste deux mois avant la fin de mon bail. Je ne vais certainement pas rester. Je compte déménager à Gérald Bataille », confie Tanise, qui vit avec son mari, ses deux filles et sa nièce.

Les témoignages des habitants révèlent une réalité inquiétante : les malfrats construisent des cachettes pour préparer des affrontements, que ce soit contre les forces de l’ordre ou d’autres groupes armés. Leur présence se fait sentir dans toutes les rues de la Cité Militaire, rendant le quotidien des résidents insoutenable.

« J’ai peur chaque matin quand je me rends à l’école. Parfois, je me sens plus en sécurité à l’école qu’à la maison », murmure Judeline Edmond, étudiante en troisième année d’odontologie.

Autrefois refuge de plusieurs policiers, la Cité Militaire est aujourd’hui presque totalement sous le contrôle des gangs, qui, jusqu’à présent, n’ont pas encore commis d’exactions visibles, mais dont la menace est omniprésente.

Likenton Joseph
Vant Bèf Info (VBI)

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