La Caravane Espoir, réincarnée

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Les priorités ou promesses de l’Administration CPT-Conille sont multiples : récupérer les territoires et villes contrôlés par les gangs armés, sortir le système de santé haïtien de son état agonisant, combattre la corruption au sein de la fonction publique, sauver plusieurs millions de personnes de l’insécurité alimentaire aiguë, organiser des élections crédibles et transparentes. Malgré ces engagements ambitieux, les résultats concrets tardent à se manifester, laissant les citoyens perplexes et mécontents.

Si l’on se fie aux apparences, la « Macoute Legba » que porte l’actuel gouvernement de transition est bien chargée. Pourtant, il ne livre pas concrètement, grognent des citoyens de différents secteurs de la vie nationale. Perplexes, ces citoyens s’interrogent sur les raisons qui empêchent les membres de l’équipe CPT-Conille de passer de la parole aux actes. Ils disposent pourtant d’un boulevard devant eux, avec d’énormes avantages, comme l’absence de l’opposition haïtienne, inscrite aux abonnés absents depuis l’évincement de Jovenel Moïse du fauteuil présidentiel, dans des conditions non encore élucidées. Cela date de trois ans (2021-2024).

Aux curieux qui cherchent à savoir « le pourquoi » et « le comment » du long silence de la majorité des politiciens haïtiens, la réponse est simple et automatique : « La politique est dynamique » (Pa anmède yo). En partant, sous le Soleil d’Haïti, rien n’est nouveau. Tout se répète, dit-on. Qui ne se souvient pas de la Caravane Espoir, lancée en février 2003 à travers de nombreuses régions d’Haïti ? Elle n’a duré que l’espace d’un cillement. Réapparue en mai 2017 sous l’appellation Caravane Changement, elle a encore fait long feu. Curieusement, en 2024, avec le duo CPT-Conille, la Caravane Espoir refait surface. Cette fois-ci, elle fonce à toute allure vers une destination innommable…

En fait, tout porte à croire qu’il s’agit d’un point délibérément omis au programme du gouvernement multicéphale en place. En clair, son application consiste en une vaste campagne de promotion et de vente d’espoir. La stratégie de vente est confiée à des membres de l’équipe en mal de visibilité, alors convertis en agents marketing. Dans une cohésion presque parfaite, les agents choisissent les bureaux publics comme points d’exposition et de vente du produit.

Ainsi va la vie en Haïti : les marchands d’espoir et de promesses poursuivent leur « commerce » en toute liberté et quiétude d’esprit. Entretemps, sous les yeux passifs des élites sans scrupule, le peuple haïtien attend, peut-être sciemment, quelque chose ou quelqu’un…

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